jeudi 22 décembre 2011

Savoie: Enquête préliminaire ouverte après la soirée nazie d'un député anglais



POLÉMIQUE - Le restaurant où a eu lieu la soirée va porter plainte...

La justice française a ouvert une enquête préliminaire sur une soirée nazie à laquelle a participé au début du mois un député britannique conservateur, Aidan Burley, a annoncé jeudi le parquet d'Albertville, en Savoie. Un groupe de Britanniques s’était retrouvé le 3 décembre dans la station de ski huppée Val-Thorens (Savoie) pour fêter l’un d’entre eux à l’approche de son mariage. Parmi les invités, un député anglais conservateur, Aidan Burley, qui a trouvé de bon goût de louer un uniforme d’officier nazi pour le faire porter au futur marié, rapporte Le Parisien.

Et pour accompagner le costume, des chants et des toasts en l’honneur d’Hitler et Himmler ont été entonnés… Sauf que les fêtards se sont donnés en spectacle en public dans un restaurant et que la scène a été filmée. La vidéo a été postée sur YouTube puis reprise par le Mail on Sunday, ce qui a déclenché un scandale en Grande-Bretagne.
D'autres précédents

Le député, également chargé de mission auprès du ministre des Transports, a été démis de ses fonctions auprès du gouvernement. Il s'est excusé sur Twitter et dans une une lettre publiée dans The Jewish Chronicle mais cela n’a pas suffi à calmer la colère de l’opinion. David Cameron, le Premier ministre, a décidé d’ouvrir une enquête. Et l’affaire pourrait avoir des suites en France puisque il est interdit de porter un uniforme nazi ou de faire l’apologie du IIIe Reich sur le territoire hexagonal.

Déjà, le restaurant dans lequel a eu lieu cette sauterie a annoncé qu'il allait porter plainte. L'office de tourisme de Val-Thorens s'est, lui, élevé contre ce fait et a voulu défendre l'image de la station. «La station ne peut que condamner, avec la plus grande fermeté ce type de comportement, y compris dans la sphère privée. Ces attitudes et ces conduites sont totalement contraires aux valeurs de Val Thorens», dit l'office dans un communiqué.

Ce n’est pas la première fois qu’un Britannique se distingue de cette manière et choque ses compatriotes. Le Prince Harry, fils cadet de la princesse Diana, avait été photographié en 2005 déguisé en officier nazi à l’occasion d’une fête costumée. Et en 2008, c’est Max Mosley, alors président de la Fédération internationale automobile, qui avait été filmé lors d’une partie fine SM… Habillé en nazi.

vendredi 9 décembre 2011

D’anciens SS d’Oradour-sur-Glane identifiés par le parquet de Dortmund


Ce sont les archives de la Stasi qui ont mené les enquêteurs sur la trace des six octogénaires allemands soupçonnés d’avoir participé au massacre d’Oradour-sur-Glane. Le 10 juin 1944, le régiment SS «Der Führer» assassinait 642 personnes dont 206 enfants dans ce village des environs de Limoges. Les femmes et les enfants, enfermés dans l’église, ont péri dans l’incendie du bâtiment. Cinq hommes, quatre femmes et un enfant ont survécu au massacre.

Quelque soixante-sept ans plus tard, le parquet de Dortmund, compétent en Allemagne pour les crimes nazis, a fait procéder au cours des deux derniers mois à des perquisitions chez ces retraités de la SS, âgés de 85 à 87 ans, dans l’espoir - vain - de retrouver photos, journaux intimes, ou tout autre document pouvant attester de leur participation à ce crime contre l’humanité. Ces hommes vivent à Hanovre, près de Berlin, à Cologne, à Bielefeld et près de Darmstadt. Tous auraient appartenu au régiment Der Führer.

«Il est certain que les six hommes sont associés au massacre. Nous savons que l’ensemble de la compagnie se trouvait à Oradour-sur-Glane ce jour-là, a fait savoir le procureur de Dortmund, Andreas Brendel. Mais les 120 soldats n’avaient pas tous la même "tâche". Certains étaient affectés à l’encerclement des habitants, d’autres les ont triés, un troisième groupe appartenait au commando d’exécution. Nous cherchons à déterminer quel était le niveau de responsabilité des six personnes.»«Vu leur jeune âge à l’époque, ils n’étaient certainement pas décisionnaires», estime pour sa part Robert Hébras, survivant du massacre.

Le procureur de Dortmund, s’appuyant sur le précédent du cas Demjanjuk (cet Ukrainien convaincu au printemps d’avoir été gardien au camp de la mort de Sobibor), a rouvert le dossier d’Oradour à la suite d’informations communiquées par les autorités chargées de la conservation des archives de la Stasi. Le dossier consacré à Heinz Barth, l’ancien SS condamné en 1983 à la prison à vie par la justice est-allemande pour avoir donné l’ordre d’exécution à Oradour, fait état de deux «témoins», fortement soupçonnés par la police politique est-allemande d’avoir participé au massacre. L’un d’eux est décédé entre-temps. La police vient de perquisitionner chez le second. Barth, libéré au bout de dix ans pour raisons de santé, est mort en 2007.

La République démocratique d’Allemagne (RDA) n’a jamais entrepris de poursuites contre les «témoins»«de peur de susciter un tollé en RDA et à l’étranger s’il était avéré que plus d’un criminel nazi avait pu se cacher si longtemps en RDA», comme l’explique Henry Leide, qui travaille à la conservation des archives de la Stasi. Les six suspects nient les faits ou ne sont plus à même de s’exprimer.

mardi 4 octobre 2011

Les "ressources inhumaines" des nazis


Fabrice d'Almeida raconte la vie quotidienne des bourreaux nazis. Une plongée saisissante au coeur du système concentrationnaire.

Il ne suffit pas d'enfermer ses ennemis, encore faut-il les garder. Les dirigeants nazis ont été aussitôt confrontés au problème. Hitler accédait au pouvoir à la fin de janvier 1933 et, en mars, Himmler, chef de la police politique de Munich, inaugurait le camp de concentration de Dachau. Au début, de simples policiers faisaient l'affaire, jusqu'à ce que les SA, plus motivés, leur succèdent, avant de laisser la place, à leur tour, aux SS. Mais comment la journée des "soldats idéologiques" du Reich, de son élite, se déroulait-elle ? Que faisaient-ils après le "travail" ?

Fabrice d'Almeida, qui a déjà abordé le nazisme sous l'angle remarqué de la vie mondaine, se penche sur le sujet avec Ressources inhumaines, plongée dans l'univers des bourreaux. En dix ans, rappelle-t-il, le système concentrationnaire nazi enregistre une extraordinaire mutation. Les lieux d'éloignement et de répression se transforment en pôles de main-d'oeuvre, en centres d'extermination et en unités de recyclage. La rationalisation des coûts, les obligations de résultat, y compris dans le meurtre de masse, ouvrent des perspectives aux gestionnaires. A eux d'optimiser le rendement des 40 000 individus au coeur du système.

Les gardiens célibataires ont droit à des visites au bordel situé hors les murs : ouverture entre 17 et 23 heures.

Himmler est particulièrement sensible au sujet. Ingénieur, ancien petit patron, chargé au début du régime des relations avec les chefs d'entreprise, il a la fibre managériale. Il a conscience que "tuer en série n'est pas si facile", selon l'expression de son biographe Peter Longerich. Il se rend régulièrement sur le terrain, car il n'ignore pas que les "conditions de travail" sont épouvantables. Les camps sont des chaos surpeuplés (Bergen-Belsen, prévu pour 2 000 prisonniers, en accueillera jusqu'à 100 000), nauséabonds (faute d'eau, les prisonniers ne peuvent se laver et les latrines fonctionnent mal) et morbides (typhus). Que faire pour éviter la démoralisation des bourreaux ? Aménager leur bien-être, et en premier lieu la qualité de la nourriture. Les cuisiniers ont, il est vrai, tout à portée de main : des parcelles et des potagers entretenus par les prisonniers, voire une basse-cour, des clapiers et une porcherie, comme à Buchenwald. Le chef de ce camp est d'ailleurs une fine gueule et ses dîners, particulièrement sa cave, sont prisés. Pendant que les détenus meurent de faim, les gardiens se régalent. Mais l'essentiel de l'effort de l'administration SS porte sur les distractions, pour conjurer le spectre de... l'ennui : le plus souvent cartes, séances de cinéma, radio. Certains camps ont une bibliothèque. A côté de la littérature de voyage et des romans policiers, on trouve Terre des hommes, de Saint-Exupéry, car les SS sont des passionnés d'aviation. A Mauthausen, les instrumentistes sont bien servis : 16 violons, 1 cithare, 2 guitares, 5 mandolines et 80 harmonicas. Les autres se partagent les tourne-disques. Bien sûr, le sport est encouragé : gymnastique corrective avec des medicine balls ou des poids, football et handball, escrime, boxe. Les piscines et autres installations sont à la disposition de tout le personnel. Last but not least, Himmler veille sur le repos du "guerrier" idéologique. Si le mariage constitue l'idéal, les gardiens célibataires ont droit à des visites au bordel situé hors les murs : ouverture entre 17 et 23 heures. Les prostituées ont, bien sûr, le même statut racial. L'efficacité criminelle ne doit rien laisser au hasard.

vendredi 16 septembre 2011

L'appli "Juif ou pas juif?" retirée de la vente en France

L'application pour iPhone, qui répertoriait une liste de personnalités d'origine ou de religion juive, avait suscité l'indignation d'associations antiracistes. Apple a fait marche arrière. La polémique tourne court. Apple a annoncé ce mercredi qu'il avait retiré de la vente en France l'application "Juif ou pas juif", qui a fait scandale dans le pays.

"Cette application va à l'encontre de la législation locale et n'est plus disponible sur l'App Store en France", a déclaré un porte-parole de la firme, Tom Numayr.

Vendue 79 centimes depuis un mois, cette application offrait une liste de 3500 personnalités d'origine ou de religion juive, et avait suscité l'indignation d'associations antiracistes et des jeunes du Parti socialiste.

"Contraire aux règles de notre société" "Listées pour vous, des milliers de personnalités juives (de par leur mère), à "moitié juive" (de par leur père), ou converties", promettait Johann Levy, l'ingénieur à l'origine de cette application, dans son descriptif sur le site Apple Store.

"Je suis juif moi-même. Le but, c'était juste d'apporter aux juifs un sentiment de fierté, quand ils voient que tel homme d'affaires ou telle personne célèbre est également juive", avait déclaré Johann Levy, qui se dit Britannique vivant à Marseille.

Parmi de nombreuses réactions négatives, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Richard Prasquier, avait déclaré que cette application était "totalement contraire aux règles de notre société en France". Il envisageait une plainte.

mercredi 14 septembre 2011

Gilbert Collard instrumentalise-t-il les enfants d’Izieu devant des militants du FN ?


Devant les sympathisants du FN réunis, dimanche 11 septembre 2011, à Nice, l'avocat Gilbert Collard, président du comité de soutien à Marine Le Pen, s'est présenté comme « l'avocat des enfants d'Izieu » au procès de Klaus Barbie. Il a dit se souvenir « du petit André, parti pour les camps de la mort en chantant ‘Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine’. Et d'ajouter : « C'est depuis cela que je ne supporte plus que l'on siffle la Marseillaise et quand on se torche avec le drapeau français, j'ai l'impression qu'on essuie les larmes de ce gosse avec de la merde ! », rapporte Le Monde.fr du 13 septembre 2011.


Seulement voilà, affirme Geneviève Erramuzpé, la directrice de la Maison d'Izieu, « il n'y avait aucun André parmi les 44 enfants », ce dont aurait dû se souvenir Maître Collard qui se prévaut aujourd'hui d’avoir été « l’avocat des enfants d’Izieu ».



D'après Roland Rappaport, l'un des principaux avocats lors du procès de Klaus Barbie, « Me Collard n'a pas participé au procès Barbie sinon par une présence à caractère médiatique. Il a plaidé très brièvement et il est parti. Depuis, il ne s'est jamais intéressé à l'association qui a créé le mémorial ni à la mémoire de ce crime contre l'humanité », explique-t-il au Monde. Son confrère Alain Jakubowicz, par ailleurs administrateur de la Maison d'Izieu, ne décolère pas : « C'est une ignominie, c'est objectivement faux ! Il n'y a pas d'avocat des enfants d'Izieu. Jamais je n'oserais me prévaloir d'une telle qualité. » Quant à Me Serge Klarsfeld, il ajoute aussitôt: « rapprocher les enfants d'Izieu du FN, c'est abject. Tenons-les à l'écart du FN ! »



Les tenir à l’écart du Front national ? Bien évidemment, car cette instrumentalisation -quel autre mot pourrions-nous utiliser ?- disons-le franchement a quelque chose de nauséeux et de minable. Au CRIF, nous reprendrons alors le terme qui a été utilisé par Me Klarsfeld : c’est abject !
Marc Knobel

mardi 13 septembre 2011

Nouveau sur iPhone : un fichier des juifs (au prix d'un demi-café)



Apple refuse les images pornographiques dans sa boutique d'applications iPhone. En revanche, la société accepte de vendre une « appli » ludique dans la rubrique « style de vie » : « Juif ou pas juif ? ».

L'éditeur Jsoft la présente ainsi aux porteurs d'iPhone :

« Hé, tu savais que Patrick Timsit était juif ?

– Ben bien sûr ! Mais Marylin Monroe, est-ce qu'elle était vraiment juive ? Et Dany Boon ? »

Combien de fois n'avons-nous pas eu cette conversation, sans pouvoir y apporter de réponse ?
A partir d'aujourd'hui, cette réponse est dans votre iPhone grâce à l'appli « Juif ou pas juif ? ». »

La fiche de Jean-François Copé sur l'application "Juif ou pas juif ?".Des milliers de personnalités juives (par leur mère), ou « à moitié juive » (par leur père), ou « converties » sont donc listées.

L'éditeur prévient :

« Le but de cette app [application, ndlr] est uniquement de distraire. Rien de plus ! SVP n'y voyez en rien une démonstration quelconque de la supériorité ou (encore moins) de la dominance d'une race sur une autre. »

Et il termine : « Pour la moitié du prix d'un café, n'hésitez plus, faites-vous plaisir ! »
Passible de cinq ans de prison ?

L'application existe déjà en anglais (« Jew or not jew »), ce qui n'a pas soulevé, à notre connaissance, de controverse. Mais les Etats-Unis n'ont pas la même Histoire que la France…

Sur Twitter, l'avocat Maître Eolas rappelle que le code pénal français interdit formellement « le fichage des données à caractère personnel qui, directement ou indirectement, font apparaître les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses ».

Un tel fichage est passible de cinq ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende.

Contacté par Le Nouvel Observateur, le créateur de l'application, Johann Levy, lui-même juif, s'est dit « extrêmement surpris par l'ampleur de la polémique ». Il ne voyait dans « Juif ou non juif » qu'un service utile à rendre… Après tout, comme en témoignent les suggestions de recherche de Google, les internautes français sont de compulsifs judéomanes.

jeudi 1 septembre 2011

Chatel répond à Lanzmann: le mot "Shoah figure dans les manuels" scolaires

Le ministre de l'Education natio­nale Luc Chatel a déclaré jeudi, lors de sa confé­rence de presse de ren­trée, que le mot "Shoah figure dans les manuels" sco­laires, contrai­re­ment à ce qu'affirmait l'écrivain et cinéaste Claude Lanzmann dans une tri­bune mardi au Monde.

M. Lanzmann avait repro­ché à l'Education natio­nale d'avoir "sup­primé" le terme "Shoah" des nou­veaux manuels d'histoire de pre­mière, ce qu'avait aus­si­tôt démenti le ministère.

"Jamais je ne me suis opposé à l'utilisation du mot +Shoah+ dans les pro­grammes, ni dans les manuels" et "le mot +Shoah+ figure de manière expli­cite dans les manuels" d'histoire de pre­mière de cette ren­trée, a insisté M. Chatel.

La Shoah, le géno­cide du peuple juif par les nazis durant la Seconde Guerre mon­diale, est "ensei­gnée à tous les niveaux du sys­tème éduca­tif", "c'est un devoir d'histoire et une res­pon­sa­bi­lité morale", a pour­suivi le ministre.

"Ce gou­ver­ne­ment est sans doute celui qui a mis au point le plus de dis­po­si­tifs" mar­quant l'engagement du minis­tère pour l'enseignement de l'histoire de la Shoah, a ajouté M. Chatel.

A ce pro­pos, il a rap­pelé la signa­ture, en jan­vier, d'une conven­tion cadre entre le minis­tère et le Mémorial de la Shoah qui ampli­fie et péren­nise leur par­te­na­riat sur l'accueil des élèves au Mémorial, les voyages sur les lieux de la Shoah et les for­ma­tions des­ti­nées aux enseignants.

La RATP encore utilisée près de 70ans après la Shoah



Les réactions sont nombreuses après l'évacuation, mercredi, d'une centaine de Roms à Saint-Denis avec le concours de la RATP...

Des élus et des syndicats se sont élevés ce jeudi contre la mise à la disposition des policiers, mercredi, d’une rame du tramway T1, qui relie Saint-Denis à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, pour évacuer une centaine de Roms qui occupaient illicitement un terrain.

Jean-Paul Huchon, président socialiste de la région Ile-de-France, a ainsi dénoncé «l'inhumanité et la brutalité» de cette opération, et demandé au préfet du département, Christian Lambert, que toute la lumière soit faite et que les responsables soient sanctionnés. «Cette opération, faite hors de tout cadre juridique, constitue une voie de fait», écrit-il dans un communiqué.
Un «acte insupportable»

Cécile Duflot, secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts et présidente du groupe EELV au conseil régional d’Ile-de-France, a de son côté exprimé par voie de communiqué «sa profonde révolte» à propos de cette opération qui «rappelle les heures les plus sombres de notre histoire et réveille en nous une monstrueuse évocation».

«Lorsqu’un service public de transports participe à une opération policière aussi abjecte, c’est tout le pacte républicain qui est bafoué et la honte qui nous submerge», ajoute-t-elle.Elle indique qu'elle a «fait part de son indignation» au président de la RATP dans un courrier et lui demande une condamnation immédiate et sans appel de cet acte insupportable».

«Des souvenirs d'école ou de cinéma»

Le syndicat Sud s'indigne pour sa part de l'utilisation d'une rame de la RATP. «Ce n'est pas à nous de transporter des convois de personnes qui ne sont pas forcément volontaires pour monter dans les tramways», a indiqué son délégué central, Philippe Touzet. Il a souligné sur France Info, que la gare de Bobigny, qui abrite aujourd'hui un mémorial, avait justement joué un rôle central durant la Seconde Guerre mondiale dans la déportation vers les camps de la mort de 22.000 Juifs du camp de Drancy.

«Est-il commun de réquisitionner une rame complète de tram pour transporter uniquement des Roms?» demande de son côté Gilles Garnier, conseiller général communiste de Seine-Saint-Denis, sur le site du Parisien. Cette scène «m'a rappelé des souvenirs d'école ou de cinéma», a-t-il déploré dans une lettre au préfet et au PDG de la RATP, en allusion à la déportation de Juifs vers les camps d'extermination durant l'Occupation.

mercredi 31 août 2011

Contre le bannissement du mot "Shoah" des manuels scolaires

Point de vue | LEMONDE.FR | 30.08.11 | 10h58

par Claude Lanzmann, écrivain et cinéaste

A la faveur de l'été, un mauvais coup se perpètre à l'éducation nationale et chez les éditeurs qui publient les manuels d'enseignement de l'histoire destinés aux élèves de première de tous les lycées de France et des autres établissements qui les préparent au baccalauréat. Il faut souligner que cette action néfaste se passe sous la présidence de la République de Nicolas Sarkozy, qu'on sait hostile à toute forme de négationnisme. Or c'est bien de négationnisme qu'il s'agit ici et, nous allons le voir, d'une façon particulièrement perverse.

La nomination est une décision grave, mais plus grave encore est celle de dé-nommer. Une circulaire, parue dans le bulletin officiel spécial n°7 de septembre 2010 de l'éducation nationale, insistait sur la nécessité de supprimer le terme "Shoah" des manuels scolaires. Circulaire d'autant plus remarquable qu'elle prétendait faire suite au discours prononcé par Nicolas Sarkozy lors d'un précédent dîner du CRIF et dans lequel, après avoir utilisé plusieurs fois et avec le plus grand naturel le mot "Shoah", il proposait que chaque enfant juif assassiné soit parrainé par un lycéen français du même âge. Ce propos présidentiel n'ayant pas plu à tout le monde, Nicolas Sarkozy avait chargé Xavier Darcos, alors ministre de l'éducation nationale, de réunir une commission afin que sa pensée soit mise en œuvre tout en tenant compte des protestations. Cette commission était présidée par Madame Waysbord-Loing, inspectrice générale honoraire de l'éducation nationale, elle comprenait, outre des spécialistes de la seconde guerre mondiale, des personnalités comme Simone Veil, Serge Klarsfeld et moi-même. Un ouvrage de référence a d'ailleurs été publié à partir des travaux de ladite commission.

Etrangement, le bulletin officiel de l'éducation nationale réclamant la mise au rebut du terme "Shoah" a été publié un temps relativement court après cette parution. A ceux qui s'étonnaient, il était alors répondu que le bulletin officiel n'était pas le journal officiel de la République et qu'il ne reflétait qu'une "tendance" de l'éducation nationale. Tendance à la peau dure et bien en cour si l'on peut dire. Il y a une douzaine d'années, après une réunion à Stockholm de tous les chefs d'Etat et de gouvernement accompagnés de leurs ministres de l'éducation nationale, dont le but était d'élaborer un compendium sur la Shoah qui aurait force de loi et d'usage dans le monde entier, M. Dominique Borne, doyen de l'inspection générale d'histoire au ministère français de l'éducation nationale, déclarait sans précaution ni fard : "Il faut bannir le mot “Shoah” des manuels, car c'est un mot étranger."

M. Borne n'est plus doyen, mais il demeure puissant et sa tendance semble largement majoritaire, il est en tout état de cause suivi par les éditeurs de manuels mis en vente à la rentrée 2011, puisque le mot de Shoah n'y apparaît plus sauf, pour certains, en note de bas de page indiquant que c'est le terme par lequel Israël désigne… quoi au fait ? Le manuel des éditions Hachette, qui suit à cent pour cent la recommandation du bulletin de l'éducation nationale, nous le dit on ne peut plus clairement : il faut utiliser désormais le mot "anéantissement".

Formidable tour de magie : il n'y a eu nul décret gouvernemental, nul vote du Parlement, rien d'autre que le bon plaisir et le parti pris de ce qu'on ne peut qu'appeler une caste : n'ayant à répondre de rien, elle se permet de débaptiser, dans l'ombre et à la sauvette, un événement historique majeur, de frapper d'interdiction un vocable qui, pour le désigner, pour le nommer, s'était imposé de lui-même dans la plupart des pays, en un très court laps de temps, les ayant gagnés l'un après l'autre comme un feu de brousse.

J'entends M. Borne et tous ceux qui ont embrassé sa cause s'exclamer : "Ah ! C'est normal, Lanzmann, auteur du film Shoah, défend son territoire." Bassesse ordinaire. Si, après la diffusion de Shoah, le film est devenu éponyme, si celui-ci a donné son nom à ce que, pendant les douze années où j'ai travaillé à sa réalisation, je ne parvenais pas à nommer, parce qu'il s'agissait en vérité de quelque chose d'innommable, sans précédent dans l'histoire des hommes, je ne l'avais ni voulu, ni prévu. J'aurais trouvé juste que mon film soit sans nom. Choisir, comme je m'y suis résolu au dernier moment, le terme Shoah, alors que je ne comprends, ni ne lis, ni ne parle l'hébreu, était pour moi une autre façon de ne pas nommer. Mais même pour ceux qui maîtrisent la langue hébraïque, le mot Shoah, qui revient à plusieurs reprises dans la Bible, est inadéquat car il ne désigne pas spécifiquement un pareil massacre de masse commis par les hommes contre d'autres hommes, il peut s'agir aussi bien d'un tremblement de terre ou d'un tsunami.

Ce n'est pas moi qui ai décidé, c'est ce que Hegel appelait l'Esprit objectif. J'en parle en vérité et avec détachement. Shoah est devenu un nom propre, il ne désigne rien d'autre que l'événement qui porte ce nom. Toutes celles, tous ceux qui ont souscrit au terme Shoah , qui l'ont adopté d'emblée, reconnaissaient par là même le caractère inouï de ce qui est arrivé aux Juifs : pour eux, même inadéquat, ce mot hébreu non traduit, qu'il ne fallait surtout pas traduire, épousait au plus près la spécificité juive du désastre. Génocide, extermination, anéantissement, sont des noms communs qui ont besoin d'un adjectif les qualifiant. C'est ainsi qu'on peut lire dans certains des nouveaux manuels (Magnard, Hatier) la formule "génocide juif" et dans d'autres (Nathan Le Quintrec) celle de "génocide nazi". Qui génocide qui, c'est une autre affaire, qui en dit long sur l'imprécision des rédacteurs et la bouillie à laquelle les conduit le refus pas du tout innocent du mot "Shoah". Pour reprendre une phrase du même Hegel, nous sommes dans "la nuit où toutes les vaches sont noires". Le XXe siècle est en effet présenté et caractérisé comme "le siècle des anéantissements". Savoir si la guerre contre le nazisme était une juste guerre n'intéresse pas nos nouveaux concepteurs, qui mettent en parallèle et sur le même plan les bombardements des villes allemandes par l'aviation alliée, Hiroshima, et la Shoah. Pardon, non, l'anéantissement. C'est une vieille histoire : refuser l'unicité ou la spécificité des événements historiques, les noyer dans des catégorisations abstraites et réductrices, tout cela se préparait de longue date. Aujourd'hui on passe à l'acte. Le mot "Shoah" est éradiqué, mais pour la première fois, dans un manuel d'histoire (Hachette), apparaît celui de "Nakhba", terme en miroir, forgé par les Palestiniens pour nommer leur propre catastrophe : la création de l'Etat d'Israël. Lequel Israël tient très peu de place dans ces nouveaux livres, qui prennent les choses de plus haut, faisant référence au seul "Moyen-Orient, foyer de conflits".

Ces manuels, par ailleurs, parlent tous, d'une seule voix, de "l'anéantissement des Juifs et des Tziganes". Les Juifs sont au premier chef responsables de l'égalisation impliquée par l'emploi de la copule "et", même si, sur le plan des chiffres, elle ne correspond à rien de réel. Lorsqu'on a rappelé le gazage de quelques milliers de Tziganes en août 1944, dans les crématoires de Birkenau, la fraternité humaine et l'horreur de la même mort déchirante nous commandait de souscrire à l'identification sans penser que celle-ci servirait à occulter ce qu'il y a eu d'unique dans la Shoah. Moralement, ce refus du quantitatif était une position juste. Elle conduit pourtant aujourd'hui au même résultat que la trouvaille de "l'anéantissement". Nul n'a jamais pu dire, n'a jamais su, combien de Tziganes ont été tués par les Nazis, c'est ce que me déclarait Raul Hilberg et ce que reprennent les quelques historiens fiables qui se sont penchés sur la question. On sait qu'il n'y a eu, pour les Tziganes, aucun plan, aucune volonté exterminatrice systématique. Il y avait à Birkenau un camp tzigane, dans lequel hommes, femmes et enfants ont vécu ensemble de longs mois, sans être jamais séparés et les gazages d'août 1944, vite interrompus d'ailleurs, furent le produit de rivalités et de luttes internes au sein de la hiérarchie SS. D'autres Tziganes furent tués au cours des années de guerre, sans qu'il soit possible d'assigner un chiffre formel, ce qui permet les extrapolations les plus extravagantes.

Luc Chatel, l'actuel ministre de l'éducation nationale, est sûrement un homme de bonne foi et de bonne volonté, c'est ce que je retiens des propos qu'il m'a tenus. Je pense qu'il n'a pas été indifférent à l'importance de la question du nom, lorsque je lui en ai parlé. Je lui ai dit aussi que les ministres passent et que la réalité du pouvoir, dans son ministère comme dans d'autres, est entre les mains de ceux qui restent et sont inamovibles, comme les membres de la caste des inspecteurs généraux. Jack Lang, qui fut deux fois ministre de l'éducation nationale, avait demandé qu'un DVD, à l'usage des lycéens, soit réalisé à partir d'extraits de Shoah, non pas une version courte du film, mais six séquences emblématiques, accompagnées d'un livret pédagogique, qui, après un exposé général sur le film Shoah, étudiait chacune de ces séquences, plan par plan. Il s'agissait d'un travail impeccable et j'ai été, à maintes reprises, commenter tout cela et répondre aux questions dans des lycées de banlieue, réputés "difficiles". Par l'intermédiaire du CNDP, ce DVD fut distribué gratuitement à tous les lycées de France ( ce qui ne signifie pas qu'il a atteint tous ceux à qui il était destiné…). En ces temps, pas si lointains, il n'était pas obscène d'utiliser dans un cours le terme "Shoah", et il était inimaginable qu'un Inspecteur Général mît à pied une enseignante au prétexte qu'elle avait utilisé quatorze fois le mot "Shoah" dans la même leçon d'histoire. Cet inspecteur général-comptable s'était trompé de métier, mais il débusquait ce qui se cache derrière cette guerre du nom : ce n'est pas au mot seul qu'ils en ont, c'est à la Chose.

Jack Lang m'a accompagné plusieurs fois dans les lycées et eut l'occasion de mesurer l'intérêt et la passion des élèves, en majorité maghrébins et noirs. Mais après lui, un autre ministre de l'éducation nationale reprit le flambeau et vint avec moi dans plusieurs établissements, s'enthousiasmant lui-même de l'enthousiasme des élèves. Ce ministre s'appelait François Fillon. Il n'est pas possible qu'un président de la République comme Nicolas Sarkozy et un premier ministre comme François Fillon laissent se perpétrer sans réagir le mauvais coup qui est l'objet de cet article. Dans le cas contraire, il faudrait évidemment, par simple souci logique, débaptiser le Mémorial de la Shoah, qui deviendrait "Mémorial de l'anéantissement" (sic !) et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, rebaptisée Fondation pour la Mémoire de l'anéantissement (re-sic !)

mardi 30 août 2011

Plainte pour antisémitisme contre Sud Radio

PARIS (Reuters) - Le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme annonce le dépôt d'une plainte auprès du parquet de Paris pour une émission de Sud Radio devenue, selon lui, une "caisse de résonance de la parole antijuive."

Dans un communiqué, le BNVCA précise avoir également saisi le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA).

Il fait référence à des propos tenus le 22 août par des auditeurs lors d'un débat sur l'ex-directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn.

En encourageant les auditeurs à dire tout ce qu'ils pensent, des animateurs "donnent imprudemment aux auditeurs le sentiment qu'ils cautionnent et entretiennent le mythe du lobby juif tout puissant, soutien de Dominique Strauss-Khann", écrit le BNVCA dans un communiqué.

L'organisation estime que malgré des tentatives de modération, toute une série de stéréotypes ont pu réapparaître.

Elle demande au parquet que Sud Radio soit poursuivie en tant que "fournisseur de moyens" et les auditeurs concernés pour s'être "illégalement défoulés contre les juifs".

La station, qui émet depuis peu à Paris, a dit vouloir mettre en oeuvre une interactivité avec les auditeurs et rompre avec le politiquement correct.

Dans le Monde, paru mardi, Mathieu Quétel, son directeur général, récuse tout dérapage antisémite. "Nous sommes choqués par cette accusation", dit-il, soulignant que l'un des animateurs avait défendu Dominique Strauss-Kahn tout au long de l'émission.

lundi 29 août 2011

Le fondateur d’Ikea rattrapé par ses relations avec les nazis


Le PDG d'Ikea Ingvar Kamprad, à gauche, est mis en cause pour ses relations avec les nazis dans le livre d'une journaliste suédoise.

Il a entretenu des liens plus poussés avec des groupuscules nazis suédois qu'il ne l'admet, affirme le livre d'une journaliste suédoise.

Rattrapé par son passé? Le fondateur du groupe suédois Ikea a entretenu, pendant et après la seconde guerre mondiale, des liens plus poussés avec des groupuscules nazis suédois qu'il ne l'a admis par la suite, selon un nouveau livre publié dans le royaume où il suscite des réactions critiques.

Ingvar Kamprad, un milliardaire âgé de 85 ans qui continue à contrôler le numéro un mondial de l'ameublement, a reconnu depuis une quinzaine d'années qu'il avait adhéré à un mouvement de jeunesse fasciste durant la guerre, en qualifiant cet épisode de "plus grave erreur" de sa vie et de "folie de jeunesse".

Le Suédois avait pourtant adhéré à un autre groupuscule encore plus extrémiste et il est resté un admirateur de Per Engdahl, l'une des principales figures nazies de Suède, détaille la journaliste suédoise Elisabeth Aasbrink, auteur d'un livre qui est sorti cette semaine. "C'est peut-être le plus surprenant. Il a toujours dit qu'il s'était impliqué dans la confusion de la jeunesse. Mais en août dernier, il était encore loyal à l'égard de ce leader fasciste", a-t-elle assuré, sur la foi d'un entretien qu'Ingvar Kamprad lui avait alors accordé. "Il m'a dit: "Engdahl était une grande personnalité et je le maintiendrai jusqu'à la fin de mes jours."

Ami d'un jeune juif

Le livre d'Elisabeth Aasbrink, Et les arbres restent debout à Wienerwald, raconte l'histoire d'Otto Ullman, un jeune juif devenu un "très bon ami" d'Ingvar Kamprad, avoir avoir été envoyé d'Autriche vers la Suède, officiellement neutre, juste avant le début de la 2e guerre.

Elisabeth Aasbrink a indiqué avoir voulu comprendre comment il avait pu devenir aussi proche d'Otto Ullman, tout en étant impliqué dans un mouvement dont l'idéologie avait contribué à envoyer les parents de l'Autrichien dans le camp d'Auschwitz où ils ont été tués. En insistant auprès de lui sur ce paradoxe, Kamprad a fini par lui répondre: "je ne peux pas voir là une contradiction".

Proche d'un leader nazi

Même après la guerre, Ingvar Kamprad est resté ami avec Per Engdahl (décédé en 1994). Elisabeth Aasbrink a rappelé notamment qu'il avait invité le leader nazi à son premier mariage en 1950 - épisode admis par Ingvar Kamprad dans la biographie autorisée qui lui est consacrée. Elisabeth Aasbrink a également découvert que le jeune Kamprad, qui a admis avoir rejoint le Nouveau mouvement suédois de Per Engdahl, avait auparavant été membre d'un groupuscule plus extrémiste, le Rassemblement socialiste suédois (SSS). Sa carte de membre portait le numéro 4014.

Autre élément nouveau dans le livre, la police de sécurité suédoise, la Saepo, avait ouvert un dossier intitulé "nazi" sur le compte d'Ingvar Kamprad en 1943, l'année où il avait fondé, à 17 ans, une petite entreprise, Ikea, dans un village du sud de la Suède. Elisabeth Aasbrink a précisé ne pas avoir pu consulter ce dossier au-delà de l'année 1949. Dans la partie du document à laquelle elle a eu accès, la journaliste a lu qu'Ingvar Kamprad affirmait à l'époque "avoir recruté des membres (...) et ne semblait pas manquer une occasion de servir le parti", le SSS.

Ni le Suédois, domicilié en Suisse depuis 1978, ni son porte-parole ne pouvait être joint pour un commentaire jeudi soir. Sur son site Internet, Ikea a souligné que "ce qui s'est passé il y a 70 ans est quelque chose pour laquelle Ingvar a présenté ses excuses à de nombreuses reprises (...) et cela n'a rien à voir avec les activités d'Ikea". "Ingvar a dédié sa vie d'adulte à Ikea et aux valeurs démocratiques que représente Ikea", est-il ajouté.

vendredi 22 juillet 2011

Rudolf Hess n'as plus de sepulture....



En Bavière, la tombe du bras droit de Hitler était devenue l'objet d'un culte malsain. Ses restes ont été exhumés et brûlés.

Le 17 août, date anniversaire de sa mort, rassemblait plusieurs centaines de personnes, parfois des milliers, autour de sa tombe. Devenue un lieu de culte pour néonazis, la sépulture de Rudolf Hess, l'ancien bras droit d'Adolf Hitler, érigé en martyr par les nostalgiques du IIIe Reich, faisait la honte des habitants de Wunsiedel, un petit village de Haute-Franconie en Bavière. Depuis mercredi, le tombeau controversé n'existe plus. Les restes de Hess ont été exhumés et brûlés. Sa pierre tombale portant l'épitaphe «Ich habe gewagt», «j'ai osé», a été retirée.

L'opération a été organisée dans la plus grande discrétion dans la nuit de mercredi entre 4 et 6 heures du matin avec l'accord de ses descendants, rapporte le quotidien Süddeutsche Zeitung. Sa petite-fille qui avait tenté de s'opposer à l'opération a finalement reconnu que la tombe de Hess était devenue le lieu d'un culte malsain. Elle répandra ses cendres en pleine mer. La paroisse protestante de Wunsiedel, une commune de moins de 10.000 habitants proche de la frontière tchèque, avait décidé de ne pas renouveler la concession familiale où reposait l'ancien responsable nazi pour tenter de prévenir les rassemblements néonazis.
Rassemblements néonazis

Considéré comme un martyr dans les milieux néonazis, l'ancien dauphin de Hitler est l'objet d'un culte des extrémistes de droite, qui se sont longtemps rassemblés devant sa tombe, tous les ans, le 17 août. La municipalité de Wunsiedel était toutefois parvenue à faire interdire ces rassemblements au terme de plusieurs années de bataille judiciaire. En 2004, quelque 5 000 néonazis s'étaient encore réunis dans la petite ville, au grand dam des habitants.

Ancien numéro deux du parti national-socialiste (NSDAP) au début du règne d'Adolf Hitler, Rudolf Hess s'était rendu en Grande-Bretagne en 1941 pour tenter de négocier un accord de paix. Il avait été fait prisonnier par les Britanniques après son saut en parachute et fut détenu en Grande-Bretagne jusqu'à la fin de la guerre.

Il avait été condamné à la réclusion à perpétuité lors du procès des dignitaires nazis à Nuremberg. Il n'y avait pas exprimé le moindre regret et avait rejeté toute culpabilité, se félicitant au contraire d'avoir fidèlement servi l'Allemagne et son Führer. Il s'est pendu dans sa cellule de la prison de Spandau, à Berlin-Ouest, dont il était le seul détenu, avec un câble électrique, au bout de 41 ans d'emprisonnement. Réfutant la thèse du suicide, ses supporteurs soutiennent qu'il a été assassiné par les SAS ou la CIA et l'ont érigé en martyr.

Hess avait indiqué dans son testament vouloir être enterré dans le cimetière protestant de Wunsiedel où ses parents avaient une maison de vacances. La paroisse avait accepté, pour respecter ses dernières volontés. Mais elle avait regretté sa décision face à l'afflux de nostalgiques du IIIIe Reich dans la commune. Le mystère n'a jamais été levé sur la signification de l'inscription «j'ai osé» sur sa tombe. Wunsiedel espère que les hordes de néonazis se rassembleront désormais ailleurs pour tenter de lui trouver un sens.

vendredi 20 mai 2011

Cannes : Lars Von Trier "persona non grata"


Après l’expression de sa "sympathie pour Hitler" en conférence de presse, le réalisateur Lars Von Trier a été déclaré "persona non grata" par le festival de Cannes. Son film reste toutefois en compétition.

Cannes attendait son audace, et sûrement de nouvelles controverses artistiques autour de Melancholia, son dernier film. Lars Von Trier, enfant terrible du cinéma danois, a bel et bien hérissé les poils de la Croisette cette année, mais hors cadre et sans rallier à sa cause. Après ses déclarations choquantes sur Hitler mercredi en conférence de presse, la direction du festival n’a pas tardé à réagir : elle vient de déclarer "persona non grata" le réalisateur. Une décision inédite depuis au moins 50 ans, selon le président du festival, Gilles Jacob.

"Le Festival de Cannes offre aux artistes du monde entier une tribune exceptionnelle pour présenter leurs œuvres et défendre la liberté d'expression et de création", expliquent les organisateurs de la manifestation dans un communiqué. Le Conseil d'administration du Festival, qui s'est réuni en séance extraordinaire ce jeudi, "regrette profondément que cette tribune ait été utilisée par Lars Von Trier pour exprimer des propos inacceptables, intolérables, contraires aux idéaux d'humanité et de générosité qui président à l'existence même du Festival", poursuivent-ils.

Melancholia, l’un des films les plus attendus du festival, reste toutefois en compétition. La direction du Festival a décidé de "sanctionner un homme, pas une œuvre", a expliqué jeudi à la presse Thierry Frémaux, délégué général de la manifestation. Mais le cinéaste n’est plus accrédité et ne pourra venir lui-même chercher un prix s’il est récompensé.
Provocation

En conférence de presse mercredi, le Danois avait notamment expliqué, dans une monologue déconcertant, "qu'il comprenait Hitler". Prié de s’expliquer sur ces propos, il a ensuite déclaré dans un communiqué "n’être ni antisémite, ni raciste, ni nazi", et présenté ses excuses. "C'est une de ces provocations auxquelles il nous a habitués", estime aujourd’hui Thierry Frémaux, rappelant que Lars Von Trier est marié à une femme de confession juive. Arrivé à Cannes avec les deux poings tatoués du mot "FUCK" qu'il a exhibés à l'envi, le cinéaste est certes coutumier des coups d’éclat, avec des films souvent novateurs sur le fond ou sur la forme, tels son Antechrist présenté l’an passé, Dancer in the Dark, Palme d’or 2000, ou Dogville.

Mais cette dernière provocation ne passe pas. Les propos de Lars Von Trier "ternissent l'image" du festival, a estimé jeudi Gilles Jacob. La communauté juive s’est aussi émue de cette sortie fracassante. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) s'est ainsi déclaré jeudi "horrifié" par des déclarations "qui traduisent dans leur ignominie les tendances les plus inquiétantes de la banalisation actuelle du nazisme". L'association American Gathering of Holocaust Survivors and their Descendants (le Rassemblement américain des survivants de l'Holocauste et de leurs descendants) s'est pour sa part félicitée de l'exclusion de Lars Von Trier.

L’intéressé a fait savoir, par le biais d’une de ses productrices, qu’il acceptait "toute décision de la direction du festival pour le sanctionner".

samedi 7 mai 2011

exposition "Convoi 6-Un train parmi tant d'autres"

Notre Association va monter son exposition " Convoi6-Un train parmi tant d'autres"

Du 23 mai au 1er Juin 2011

au Lycée Paul Bert 7 rue Huygens 75014 Paris


Dans le cadre de cette semaine de Mémoire l'AMEDJ du 14ème devoilera une Plaque dans ce lycée le vendredi 27 Mai à 15H préçise.

Pélerinage aux camps du Loiret

Pélerinage aux camps du Loiret

ceremonies organisées par l’UDA

à 10 h à Beaune-la-Rolande (discours et dépots de gerbes)

à 12 h à Pithiviers (dépots de gerbes)

Les FFDJF mettront à disposition un autocar Place de la République devant l’Hôtel

Crowne Plaza (ex. Holiday Inn) à 7h30 départ à 8 h précises



Réservation par téléphone chez Régine et Maurice Lippe au 01 42 78 42 43



Munissez vous de Sandwiches : après les cérémonie de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers, l’autocar nous emmènera à Orléans visiter les nouveaux locaux du CERCIL, Musée-Mémorial des Enfants du Vel d’Hiv.

Nous serons de retour en autocar à la Place de la République vers 19 - 20h.

mercredi 23 mars 2011

Un collégien victime d'une agression antisémite en Isère: 8 mineurs interpellés



Collège Martin Luther King de Charvieu-Chavagneux (Isère). | Max PPP

"L'enquête est en cours" nous indiquait mardi le procureur de la République de Vienne, Matthieu Bourrette, revenant sur les faits.

Mercredi, on apprend, via Le Dauphiné, que huit mineurs ont été interpellés dans la matinée dans le cadre d'une enquête ouverte par le parquet suite à l'agression dont a été victime un élève du collège Martin Luther-King de Charvieu-Chavagneux jeudi dernier.

Peu avant 17h30 ce jour-là, cet adolescent de 15 ans de confession juive, qui se trouvait seul aux abords de l'établissement scolaire, a été pris à partie par plusieurs jeunes, avant d'être agressé physiquement et, selon ses déclarations, victime d'insultes à caractère antisémite.

Le procureur de Vienne développe sur Le Post : "Selon ses déclarations, cet adolescent a été frappé à coups de poings et de pieds -aucune arme n'a été utilisée- puis insulté notamment de 'sale juif'". Une agression qui a valu à cet élève quatre jours d'ITT.

Suite à la plainte pour violences déposée par cet élève, le parquet de Vienne a ouvert une enquête de flagrance pour violences aggravées avec les trois circonstances suivantes : la réunion, le lieu -aux abords d'un établissement scolaire-, et le caractère raciste ou antisémite de l'agression, "dans la mesure où nous avons des propos antisémites concomitants aux violences et que l'acte paraît totalement gratuit" nous expliquait également Matthieu Bourrette mardi.

"Reste maintenant à déterminer qui, parmi les jeunes présents, a eu un rôle actif, ou non" précisait aussi le procureur au Post mardi.

Si on ignore toujours, pour l'heure, l'origine exacte de l'altercation et les motivations des mis en cause, le procureur de Vienne nous indiquait mardi aussi que cet élève, "qu'il n'a aucune raison de ne pas croire", a également affirmé avoir déjà été victime d'insultes antisémites au sein, cette fois, de son établissement scolaire.

Recontacté mercredi par Le Post, le procureur de Vienne, qui confirme les huit interpellations, précise que les mineurs sont tous originaires de la région et "qu'un certain nombre d'entre eux" sont scolarisés dans le collège de la victime. Ils ont été placés en garde à vue.

mardi 1 mars 2011

Nancy: L'enseignante accusée d'avoir trop parlé de la Shoah porte plainte

Catherine Pederzoli avait été suspendue quatre mois et mutée dans un autre lycée...

Elle ne compte pas en rester là. Deux mois après son affectation dans un nouveau lycée à Nancy, Catherine Pederzoli, l'enseignante de confession juive qui avait été suspendue en septembre dernier notamment pour avoir consacré trop de temps à l'enseignement de la Shoah, a récemment porté plainte pour discrimination, indique à 20minutes.fr son avocat, Gyslain di Caro.

Catherine Pederzoli avait fait l'objet d'une enquête de l'Inspection générale de l'Education nationale à la suite d'une manifestation organisée par certains de ses élèves du lycée public Henri-Loritz en décembre à Nancy, lors d'un déplacement du ministre de l'Education nationale, Luc Chatel.
«Lavages de cerveaux»

Dans un rapport rédigé en juillet 2010, les inspecteurs avaient alors pointé des «manquements aux obligations de réserve, de neutralité et de laïcité», et reproché à l'enseignante l'«instrumentalisation des élèves» par des «lavages de cerveaux».

Les inspecteurs estimaient que Catherine Pederzoli consacrait trop de temps à l'organisation de voyages sur l'histoire des juifs en Europe centrale, comprenant des visites à des camps comme celui d'Auschwitz-Birkenau, dans l'actuelle Pologne.
«Shoah» au lieu de «génocide»

Ils notaient en outre que, lors de leur entretien avec la professeure, cette dernière avait prononcé 14 fois le mot «Shoah», «tandis que le terme à la fois plus neutre et juridiquement fondé de "génocide" n'(avait été) mentionné que deux fois, comme en passant».

«L’emploi du mot Shoah est pourtant recommandé dans le Bulletin Officiel de l’Education nationale du 17 juillet 2008», souligne Gyslain di Caro, estimant que les inspecteurs sont ainsi allés à l’encontre des instructions officielles. Selon l’avocat, le traitement qu’a subi sa cliente est disproportionné. «Les inspecteurs sont allés jusqu’à lui reprocher des faits dispersés en trente ans de carrière, dont un remontait à 1977», indique-t-il à 20minutes.fr Catherine Pederzoli avait été suspendue quatre mois, avec perte de salaire, avant d’être mutée dans un autre lycée.

Natalie Portman : "profondément choquée et dégoûtée" par John Galliano ! Je suis Juive et fière de l'être!!


Depuis quelques jours, le directeur artistique de la maison Dior, John Galliano , est en plein cœur d’un scandale. Attaqué en justice pour violences et insultes antisémites, le styliste tente de nier les faits alors qu’une vidéo accablante fait le tour du Web. Égérie de la marque, Natalie Portman s’est exprimée sur le sujet !

"J’aime Hitler et les gens comme vous devraient être morts aujourd’hui, vos pères et vos mères devraient être gazés", affirme le styliste John Galliano dans une vidéo amateur filmée au café La Perle , de Paris, et diffusée par le Sun.

Une séquence accablante pour le directeur artistique de la maison Dior, attaqué en justice pour violences légères et insultes antisémites et racistes depuis vendredi dernier. Suite à une altercation avec un couple parisien, puis à une seconde plainte déposée un peu plus tard, John Galliano a été appelé à comparaître hier au commissariat du IIIe arrondissement de Paris, où il a été confronté aux plaignants.

Dès les prémices du scandale, le créateur a immédiatement été suspendu de ses fonctions chez Dior et son avenir chez la marque devrait dépendre des suites de l’affaire. Cependant, la nouvelle égérie du parfum Miss Dior Chérie, Natalie Portman, a tenu à s’exprimer sur l’affaire, via un communiqué envoyé au New York Times.

"Je suis profondément choquée et dégoûtée par les commentaires de John Galliano sur cette vidéo parue aujourd’hui (lundi, ndlr), a déclaré la star oscarisée. À la lumière de cette vidéo et en tant que juive et fière de l’être, je refuse d’être associée à M. Galliano de quelque manière que ce soit. J’espère qu’au moins, ces terribles commentaires nous rappellent à quel point il est important de combattre et d’agir à l’encontre de ces préjugés encore existants, qui sont l’exact opposé de tout ce qu’il y a de beau."

Jusque-là, les seuls témoignages en faveur de la version de John Galliano, qui nie en bloc ce dont on l’accuse, viennent du patron et des employés du café, où tous les incidents précités ont eu lieu.

lundi 28 février 2011

Le CERCIL a déménagé………..



Le 27 janvier 2011, Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de la Shoah et date symbolique anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, a été inauguré à Orléans, en présence de Simone Veil et Jacques Chirac, un musée–mémorial des enfants du Vel d’Hiv, ouvert au public, composé d’une exposition permanente, d’un centre de ressources, d’une salle d’archives, d’une salle pédagogique et d’expositions temporaires.

En effet, plus de mille personnes ont pris part à l'inauguration officielle des nouveaux locaux du Cercil. Dès 11 heures, lorsque Simone Veil, vice-présidente de la Fondation de la Shoah, et Jacques Chirac, ancien président de la République, ont fait leur apparition, ils ont été littéralement soulevés par une marée humaine. 

Très encadrés, l'ancien président de la République et Simone Veil, suivis d'une cohorte d'élus, n'étaient plus des personnalités imminentes mais de simples citoyens découvrant des images sombres, des visages figés en noir et blanc, des barbelés, des camps. Bref, l'enfer.

 

La Mairie d’Orléans a décidé de réhabiliter entièrement une ancienne école pour donner au Cercil (Centre d’Etude et de Recherche sur les Camps d’Internement dans le Loiret) les moyens nécessaires à son développement et ouvrir un musée – mémorial des enfants du Vel d’Hiv, ouvert au public.






Après des années d’activités assurées « hors les murs », l’installation dans ces nouveaux locaux est pour le Cercil à la fois un aboutissement et une nouvelle étape. Ce lieu va permettre au centre de continuer à assurer ses missions en amplifiant ses actions (approfondissement de la recherche, recueil de témoignages et de documents, travail avec les établissements scolaires, ateliers pédagogiques, proposition d’événements culturels : conférences, projections, théâtre, expositions…) destinés à faire vivre la mémoire des terribles événements qui se sont déroulés dans les camps du Loiret.

Une salle est consacrée à la mémoire des 4 400 enfants internés dans ces camps avant d’être déportés et assassinés à Auschwitz. Le souvenir de chacun de ces enfants est présent, par sa photographie, quand elle existe, par son nom, prénom et âge à la date de sa déportation, afin que nul ne les oublie… La création de cette salle a été possible grâce à l’inestimable travail accompli par Serge Klarsfeld et son association des Fils et Filles des Déportés juifs de France.

 

Le projet porté par la Mairie d’Orléans, Maître d’ouvrage, d’un montant d’environ 1 430 000 € auquel ont contribué principalement la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, le Ministère de la culture / la Drac Région Centre, le Ministère de la défense / DMPA, la Région Centre, le Département du Loiret comprend toutes les réhabilitations du bâtiment et son aménagement.

Installé dans les locaux d’une ancienne école maternelle, le centre se déploie sur 1 000 m², dont 450 m² destinés à l’accueil des publics. La rénovation du lieu a nécessité d’importants travaux qui ont permis de retrouver les volumes de ce bâtiment construit au 19ème siècle.

Désormais, ce nouvel espace muséographié offre à chacun, mais surtout au public scolaire, les éléments nécessaires à la compréhension de l’histoire de ces trois camps, et plus largement de l’histoire de la Shoah.

Le Conseil Scientifique du Cercil a accompagné ce projet tout au long de son élaboration Serge Klarsfeld, Olivier Lalieu, Denis Peschanski, Catherine Thion, Benoît Verny, Annette Wieviorka auxquels se sont ponctuellement joints Tal Bruttman et Sabine Zeitoun.

A travers des documents d’archives, des photographies, des objets, des journaux, est présentée, selon quatre séquences chronologiques, l’histoire des internés juifs des camps de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers.

La parole des victimes et des témoins est le fil conducteur de ce parcours historique. Le sort des Tsiganes, qui ont subi une double persécution pendant l’occupation, de la part des Allemands et de la part de Vichy, et leur internement dans le camp de Jargeau, est également évoqué. Une salle du souvenir est dédiée aux 4 400 enfants internés dans les camps avant leur déportation. Leur photographie, lorsqu’elle existe, ou simplement leur nom, prénom et leur âge au jour de l’assassinat sont insérés dans un meuble.

Ce centre regroupe différents fonds consacrés à la Seconde Guerre mondiale, à la Shoah, à l’internement, mais également des thématiques comme la culture juive, la culture tsigane, les génocides, les violences extrêmes du XXème siècle, ainsi qu’à la pédagogie de la Shoah. Concernant le jeune public, un fonds de bandes dessinées et de littérature jeunesse a été constitué.
Le Centre d’archives est conçu à la fois pour la conservation des archives du Cercil, mais également pour l’accueil des personnes désireuses d’effectuer elles-mêmes des recherches.

La salle pédagogique permettra d’accueillir des groupes scolaires et de travailler avec eux autour d’ateliers, les accompagnant pour la visite de l’exposition. Le service éducatif propose de faire découvrir l’histoire de la Shoah et de l’internement tout en engageant une réflexion sur la portée et les enjeux de cette mémoire pour le présent.

En complément à l’exposition permanente, les Mardis du Cercil seront également organisés :rencontres, projections, conférences…

Un fragment d’une baraque du camp de Beaune-la-Rolande, retrouvée dans les environs de Beaune-la-Rolande, et désormais classée Monument Historique, est implanté dans la cour du Centre. Cette opération a été rendue possible grâce à Mécène Entreprise.




A propos du Cercil.

Le Centre d’Etude et de Recherche sur les Camps d’Internement de Beaune-la-Rolande, Pithiviers et Jargeau, et la déportation juive a été créé en 1991, avec le soutien de la Mairie d’Orléans, de Serge Klarsfeld, d’Henri Bulawko et de Simone Veil, du CRIF et de l’Université d’Orléans, et des Mairies de Pithiviers, de Beaune-la-Rolande rejoint par la suite par Jargeau.

Le centre s’attache à approfondir l’histoire des camps de Beaune-la-Rolande, Pithiviers et Jargeau et des plus de 18 000 personnes qui y ont été internées. Cette recherche concerne aussi les centaines de personnes juives arrêtées dans plus de 30 départements français et internés dans ces camps. Le Cercil s’attache à développer la recherche historique sur ces camps, à recueillir des témoignages, à constituer des fonds documentaires et à réaliser des outils pédagogiques, dont une exposition itinérante qui circule depuis vingt ans dans toute la France, régulièrement actualisée et complétée par de nouveaux documents ou témoignages. Il effectue, pour les familles qui lui demandent, des recherches sur des itinéraires individuels. Le Cercil publie également des ouvrages (témoignages, correspondances, monographies…) susceptibles d’éclairer la connaissance de ces camps et du processus historique qui a rendu possible de tels événements.

CERCIL : 45 rue du Bourdon-Blanc 45 000 Orléans Renseignements : 02 38 42 03 91 cercil@cercil.eu  www.cercil.fr
Sa présidente : Hélène Mouchard-Zay, Sa directrice : Nathalie Grenon. Crédit photos : DR/Cercil/2010

discours de Mme Hélène Mouchard-ZaY lors de l'inauguration du CERCIL


Discours Mme Hélène Mouchard-Zay, Directrice du CERCIL


27 janvier 1945: il y a 66 ans, en ce jour même devenu date symbolique, le monde découvrait l’atroce réalité des camps d’extermination, à Auschwitz, là même où avaient été assassinés, parmi d’innombrables autres,  les milliers d’hommes, de femmes et d’enfants dont nous tentons de retracer, ici, dans ce centre, l’histoire. Comment, en ce jour anniversaire, ne pas d’abord penser aux  interminables journées de souffrance extrême qu’ont vécues, dans les camps du Loiret, les 4400 enfants internés après l’enfer du Vel d’Hiv, séparés de leurs mères,  assassinés à Auschwitz.
 
Au-delà de sa charge symbolique,  ce jour d’inauguration est pour le Cercil un moment important, à la fois aboutissement et nouvelle étape.
 
Il y a 20 ans en effet, devant l’absence –pour ne pas dire le silence massif-  dans la mémoire locale et nationale de l’histoire des camps du Loiret, et cela malgré les publications du CDJC et de S. Klarsfeld, malgré les pèlerinages organisés chaque année dès la Libération par l’AADJF, à laquelle a succédé l’UDA,  dont je salue ici le président R. Esrail-, nous fûmes quelques-uns à éprouver l’urgence d’agir pour que cette mémoire soit présente dans notre espace public, et qu’elle soit portée non seulement par les associations d’anciens déportés –ce qui avait été le cas dès la Libération, comme je viens de le rappeler-,  mais aussi par les pouvoirs publics.
 
Ainsi est né le Cercil, avec l’aide précieuse, indispensable, de S. Klarsfeld, dont l’immense travail a été dès le départ, et continue à être, la base indispensable de nos recherches, avec aussi  le soutien d’H. Bulawko , qui ne peut être avec nous aujourd’hui mais que je salue affectueusement. Sans eux, rien n’aurait été possible. Le CRIF a été présent lui aussi dès le départ, en la personne d’E. Klein. Et dès le départ aussi, nous avons reçu le soutien de la mairie d’Orléans, dont le maire de l’époque, JP Sueur,  a tout de suite mis à notre disposition des locaux, une subvention, et l’aide logistique de la mairie. Tout de suite aussi les maires des communes concernées (H. Berthier, maire de Pithiviers, E. Suttin, maire de BR, F.Landré, maire de Jargeau) ont adhéré au projet : maires dont je salue le courage, car à l’époque, faut-il le rappeler, l’unanimité n’était pas la règle, et ils ont dû parfois affronter, dans leur propre ville, une opinion qui n’était pas toujours favorable à l’évocation, «  réveil » entendait-on, de ce sombre passé. J’ai le souvenir des réticences qui se sont alors exprimées, parfois même avec véhémence : pourquoi remuer ce passé ?
 
Il a fallu convaincre…
 
Notre première action – je me souviens à quel point nous en ressentions la nécessité avec une sorte de fièvre - a été de fabriquer une exposition, qui fut présentée à la mairie d’Orléans, –lieu symbolique qui nous semblait important- et  inaugurée le 15 juin 1992.  Madame S. Veil, vous nous avez fait l’honneur d’y assister, présente ce jour-là comme vous l’avez été à chaque étape importante de la vie du Cercil, et je vous en remercie profondément.
 
Cette expo, plusieurs fois actualisée au fil de nos recherches, a circulé dans la France entière pendant toutes ces années.
 
20 ans donc de recherches, de collecte de témoignages, de publications, d’interventions « hors les murs », en particulier dans de nombreux établissements scolaires.
 
Pendant toutes ces années, la Ville, la Région, la DMPA, la DRAC, le Conseil Général et, dès sa création, la Fondation pour la mémoire d la Shoah, ont accompagné l’action du Cercil.
Autant d’institutions dont je voudrais remercier chaleureusement les représentants ici présents.
 
De plus en plus,  au fil des années, s’est imposée à nous la nécessité d’ancrer cette mémoire dans le département même où ces camps ont fonctionné. Ce projet était d’ailleurs inscrit dans nos statuts dès 1991, même si les échéances nous en semblaient alors très lointaines. Il fallait que, dans ce département, existe un lieu public où se trouve inscrite et pérennisée la mémoire de toutes ces victimes.
 
Car la mémoire de ces camps,  nécessaire, est une mémoire difficile : elle n’ira jamais de soi, elle demandera toujours, j’en suis convaincue, à être portée et défendue. Il a fallu du temps pour reconnaître la complicité criminelle de Vichy dans le processus qui, comme tente de le reconstituer notre exposition, a conduit à de tels  événements, et en particulier au  plus insoutenable : le sort atroce fait aux enfants du Vel d’Hiv.
 
Quand auront disparu les derniers témoins, quand aura disparu la génération contemporaine des enfants internés et déportés, la tentation de l’oubli risque d’être forte, l’irrésistible envie de détourner son regard de cette horreur. D’où l’importance d’un lieu qui ne cesserait plus de rappeler ce qui fut, comme le dit S. Klarsfeld, « le paroxysme de la solution finale en France ».
 
M. le maire,  vous avez tout de suite été sensible à la demande du Cercil de bénéficier de locaux permettant d’inscrire cette mémoire de façon durable dans la ville, et je vous en remercie. Vous avez mis à disposition du Cercil ce lieu exceptionnel, remarquablement  restauré, dans lequel va  désormais vivre, dans notre musée-mémorial, la mémoire des milliers de victimes qui n’ont quitté ces camps que pour le camp d’extermination. Pour participer à son aménagement, les appels que nous avons également lancés à la Région, à la FMS, et à l’Etat (DRAC, DMPA) ont été largement entendus : qu’ils en soient tous remerciés, ainsi que la mairie de Paris et le Sénat, qui ont également contribué.
 
M. le Recteur a bien voulu nous donner les moyens de constituer un service pédagogique. M. l’Inspecteur d’Académie qui le représentez, vous voudrez bien l’en remercier.
 
Merci aussi à Mecenentreprise, qui a permis un beau projet : l’implantation d’une baraque de Beaune-la-Rolande, désormais classée monument historique.
 
Et puis, il a fallu concevoir le projet muséographique de ce lieu et le réaliser. Ce fut un travail collectif, auquel beaucoup, chacun à sa place, ont contribué. Nos remerciements vont donc:
 
- à la mairie d’Orléans, qui a assuré la maîtrise d’ouvrage, ainsi qu’aux personnels de la ville, dont beaucoup se sont investis personnellement dans cette réalisation.
 
- à l’équipe de scénographes, l’agence Scarabée, maître d’œuvre.
 
- aux entreprises qui ont mené ce chantier.
 
 Enfin, -je les ai gardés pour la fin, mais la gratitude certes n’est pas moindre-,  je souhaite remercier l’équipe du Cercil pour le travail, considérable, qu’elle a fourni durant de longs mois, pour que ce projet voie le jour, et en particulier pour la muséographie. Merci à N. Grenon, sa directrice, qui a porté ce projet et en a assuré la coordination, tout en continuant à développer les activités du Cercil, qui lui doit tant. Merci à C. Thion, notre historienne, maintenant sans doute une des meilleures spécialistes de l’histoire des camps du Loiret, à J. Minier, qui assure la logistique indispensable, à M. Decke, notre nouvelle médiatrice  culturelle.
 
 Et je n’oublie pas tous ceux, rescapés ou familles de victimes, qui ont accepté  de nous confier leur témoignage ou leurs documents personnels, qui enrichissent désormais notre exposition. Je sais qu’ils sont nombreux à être présents aujourd’hui, je leur dis notre reconnaissance et notre affection.
 
Je n’oublie pas non plus les historiens qui nous ont apporté leur concours et leur expertise : S. Klarsfeld  bien sûr, A. Wievioka, D. Peschanski, B. Verny, O. Lalieu, du Mémorial de la Shoah, ainsi que les Archives Départementales du Loiret, qui ont bien voulu nous prêter plusieurs documents originaux pour notre exposition.
 
Merci aussi aux bénévoles, particulièrement Anita Cohen et Jeannie Gérin, dont l’aide nous est précieuse.
 
Nouvelle étape pour le Cercil disais-je : l’installation dans ce lieu magnifique, au cœur de la ville, va nous permettre d’accueillir un large public, et de continuer à assurer nos missions en amplifiant notre action.
 
Le musée-mémorial que nous présentons  sera  ainsi dédié à la mémoire, mais aussi à la connaissance et à la pédagogie. Travail de mémoire, devoir d’histoire.
 
Au-delà en effet de l’émotion que chacun éprouve à l’évocation de tels événements, une question se pose, lancinante, qu’il faut bien affronter : comment  de tels événements ont-ils été possibles ? Ici, à quelques kms ? Comment en est-on arrivé là ?
 
 L’exposition, ainsi que  le centre de ressources et la salle d’archives que nous mettons à disposition du public, seront là pour aider  les visiteurs à connaître et, s’il se peut, à comprendre.
 
Car il faut connaître l’implacable enchaînement au terme duquel il y eut Auschwitz. Il faut tenter de comprendre comment une telle catastrophe, véritable rupture dans l’histoire, a été possible, au cœur du 20ème siècle européen, et comment, en France,  la politique d’un régime infâme a pu s’en rendre complice.  Cette histoire ne fut ni une parenthèse ni un accident ni une fatalité de l’histoire. Elle résulta, toujours, de choix politiques ou personnels,  individuels ou collectifs, qui auraient pu être différents, à chaque étape. Elle fut souvent encouragée par l’indifférence ou l’inertie,  par de petites et grandes lâchetés, au niveau de l’Etat ou des individus.
 
« Est désigné comme juif… » : Tels sont les premiers mots du statut des Juifs, signé le 3 octobre 1940 par Pétain. On connaît, de  ces mots, les conséquences mortelles.
 
Désigner une population, c’est un geste dont l’histoire nous enseigne, à plusieurs reprises, tous les dangers. Ce geste, dès lors qu’il stigmatise une population en l’isolant sous les yeux de tous, dès lors qu’il en fait la responsable des tous les maux de la société,  prend le risque d’engager un processus dont on ne mesure pas les effets.
 
Le pire est advenu. Il est arrivé en Allemagne. Comme vous avez su le rappeler en 1995, M. le Président, il est arrivé dans notre pays, dans ces camps si proches, quand des policiers français ont arrêté, interné et mis dans les trains de la mort ces enfants dont vous venez  de voir les noms, parfois la photo.
 
Le pire est advenu. Comme le dit Primo Levi, il peut donc advenir à nouveau.
 
Mais on sait désormais une chose : que le pire est, dans tous les cas, l’aboutissement, certes extrême, d’un processus qui commence toujours, de façon souvent presque invisible,  par des renoncements successifs, par des acceptations quotidiennes que soit ébréché, même de façon minuscule, le principe républicain qui fonde notre société : l’égalité en droits et en dignité de tous les êtres humains. 
 

jeudi 27 janvier 2011

Le musée d'Auschwitz-Birkenau lance une souscription sur Facebook


En marquant jeudi la Journée mondiale de la mémoire de l'Holocauste, le musée d'Auschwitz-Birkenau a lancé sur Facebook une campagne pour recueillir 120 millions d'euros nécessaires à la préservation du site de cet ancien camp nazi. Lire la suite l'article

«A l'occasion du 66e anniversaire de la libération du camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau en 1945, la Fondation Auschwitz-Birkenau annonce le lancement de sa campagne "Agissez maintenant!"», a indiqué le musée sur sa page.

Cette initiative «vise à inciter les individus, les organisations et les gouvernements du monde entier à protéger et à préserver la preuve matérielle, les vestiges du camp», où 1.100.000 personnes, dont environ un million de Juifs, ont été tuées par les nazis allemands entre 1940 à 1945.

«Les baraquements, les fils barbelés et les ruines des crématoriums et des chambres à gaz sont les meilleurs gardiens de la mémoire; de par leur présence silencieuse ils veillent à ce que personne ne puisse jamais nier que le pire des crimes du XXe siècle a effectivement eu lieu», a déclaré jeudi Wladyslaw Bartoszewski, président du Conseil de la Fondation Auschwitz-Birkenau et ancien prisonnier du camp.

«En garantissant la préservation du Mémorial Auschwitz-Birkenau et en conservant les témoignages du passé, en réalité, nous préparons l'avenir», a-t-il ajouté.

Pour préserver le site, les gouvernements de la République fédérale d'Allemagne, de la République d'Autriche et des Etats-Unis «ont promis d'importantes donations au fonds de capitaux perpétuel pour plus de 78 millions d'euros», a rappelé le musée.

Les présidents allemand Christian Wulff et polonais Bronislaw Komorowski, réunis jeudi à Auschwitz avec des survivants du camp et des jeunes Polonais et Allemands pour les cérémonies d'anniversaire, ont appelé à la vigilance face aux exactions massives toujours commises à travers le monde.

(Source AFP)

lundi 3 janvier 2011

Enseignante suspendue à Nancy: Elle est réintégrée dans une nouvelle affectation


Catherine Pederzoli, l'enseignante nancéienne de confession juive qui avait été suspendue en septembre dernier notamment pour avoir consacré trop de temps à l'enseignement de la Shoah, a été réintégrée mais dans une nouvelle affectation, a indiqué ce lundi le rectorat de Nancy-Metz.

«Le recteur de l'académie a décidé de prononcer à l'endroit de Catherine Pederzoli une sanction dite du deuxième groupe, sur une échelle qui en compte quatre», précise l'administration dans un communiqué transmis à l'AFP. Selon le rectorat, il est reproché des «manquements professionnels» à Catherine Pederzoli, laquelle «a méconnu les règles de fonctionnement de tout établissement secondaire et refusé de se conformer aux décisions prises par le conseil d'administration» du lycée Henri-Loritz de Nancy, où elle enseignait.

Une vive polémique en septembre

Ce conseil d'administration avait notamment voté la réduction du nombre d'élèves participant au traditionnel voyage à Auschwitz (Pologne) organisé chaque année par Catherine Pederzoli. Mais, dans un rapport de l'Inspection générale de l'Education nationale dont l'AFP avait eu copie, il était également reproché à l'enseignante l'emploi du terme «Shoah» plutôt que celui de «génocide» dans ses cours, ou le temps trop important consacré à la préparation du voyage en Pologne et à l'enseignement de la Shoah en général.

L'affaire avait déclenché une vive polémique et avait conduit en septembre le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, à reconnaître que certains passages de ce rapport étaient «particulièrement inappropriés». «Contrairement à ce qui a pu être soutenu, il ne s'agit en rien de remettre en cause le principe des voyages organisés par celle-ci dans le cadre de son enseignement», précise le rectorat dans son communiqué. La nouvelle affectation de Catherine Pederzoli n'est pas encore connue