mercredi 30 mai 2012

La Pologne choquée par le faux-pas d'Obama sur les "camps polonais"



Le faux-pas du président américain Barack Obama parlant de "camp polonais de la mort" a choqué la Pologne qui s'insurge contre ce malentendu sur les camps d'extermination installés par l'Allemagne nazie en Pologne occupée.

"Les mots du président américain Barack Obama prononcés hier (mardi) ont blessé tous les Polonais", a déclaré mercredi le Premier ministre Donald Tusk.

"Je suis convaincu que nos amis américains peuvent se permettre aujourd'hui une réaction plus forte qu'une simple mise au point et des regrets du porte-parole de la Maison Blanche, une réaction susceptible d'éliminer une fois pour toutes de telles erreurs", a souligné M. Tusk dans une déclaration à la presse. Il a rappelé que la Pologne fut l'un des pays les plus touchés par l'agression nazie et la guerre.

Entre 1939 et 1945, les Allemands ont tué près de six millions de citoyens polonais, dont trois millions de juifs. L'Allemagne nazie a installé plusieurs camps de concentration et d'extermination sur le sol polonais, dont Auschwitz-Birkenau (sud), devenu le symbole de l'Holocauste.

"Nous attendons que le président Barack Obama rectifie ces mots personnellement", ont écrit dans une déclaration les responsables de la communauté juive polonaise, dont Michael Schudrich, le grand rabbin de Pologne.

"Dommage que l'ignorance et l'incompétence aient assombri une cérémonie solennelle", a déploré pour sa part sur Twitter le chef de la diplomatie polonaise Radoslaw Sikorski.

Le président Bronislaw Komorowski a annoncé avoir adressé mercredi une lettre à Barack Obama. "Je suis convaincu que les paroles injustes et douloureuses sur le +camp polonais+ ne reflètent ni les intentions ni les opinions de notre ami américain", a-t-il déclaré à la presse, en ajoutant que toute faute était "réparable".

Le faux-pas du président américain avait assombri mardi une cérémonie à la Maison blanche en hommage posthume à Jan Karski, un ancien officier polonais qui avait fourni aux Occidentaux les premiers témoignages sur la politique d'extermination des Juifs par les nazis.

"Avant un voyage au travers des lignes ennemies, des résistants lui avaient raconté que les Juifs avaient été tués en masse, ils l'ont introduit en cachette dans le ghetto de Varsovie et dans un camp polonais de la mort pour qu'il voie lui-même ce qu'il en était", avait déclaré le président américain.

La Maison Blanche a tenté d'apaiser ce "couac" diplomatique. Tommy Vietor, un porte-parle de M. Obama pour le Conseil national de sécurité, a déclaré que le président s'était "mal exprimé".

Depuis des années, le gouvernement polonais observe d'une manière très sourcilleuse les descriptions faites par la presse internationale des anciens camps de concentration dits "polonais", soulignant que ce terme --même s'il est utilisé simplement comme une indication géographique-- peut donner l'impression que la Pologne porte une responsabilité dans le génocide perpétré par l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le ministère polonais des Affaires étrangères a indiqué mercredi dans un communiqué être intervenu plus de 200 fois entre 2010 et 2012 pour rectifier cette erreur.

A la suite de cette action, selon le ministère, plusieurs médias américains, dont The Wall Street Journal, le New York Times, Yahoo et Associated Press, ont inscrit dans leur manuel des règles journalistiques l'interdiction d'évoquer "les camps polonais", recommandant à la place "les camps allemands nazis en Pologne occupée".

"Si on parle de +camps polonais+, qui alors tuaient les soldats américains, des mains de qui l'oncle de Barack Obama libérait Buchenwald?", a insisté M. Tusk.

"Parler de +camps polonais+, c'est comme s'il n'y avait pas de nazis, pas de responsabilité allemande, comme s'il n'y avait pas de Hitler", a-t-il ajouté, en demandant aux Etats-Unis de soutenir les efforts de la Pologne pour rétablir la vérité historique.

L'ancien chef du syndicat polonais Solidarité Lech Walesa a estimé pour sa part que le faux-pas du président Obama était une "occasion en or pour finir une fois pour toutes" avec cette contre-vérité.

mercredi 16 mai 2012

Grèce: le chef néonazi élu nie l'existence des chambres à gaz

C'est la première fois depuis son succès électoral du 6 mai dernier que Nikos Mihaloliakos tient publiquement des propos négationnistes. Le chef du groupe grec néonazi Chryssi Avghi (Aube dorée) propulsé au parlement par le scrutin du 6 mai a nié l'existence des chambres à gaz lors d'un entretien télévisé, s'attirant une protestation du gouvernement dans un pays où le négationnisme n'est pas poursuivi. >> Grèce: les visages de la crise politique "Auschwitz, quoi Auschwitz? Je n'y suis pas allé. Que s'y est-il passé? Vous y étiez-vous?" a feint de s'interroger Nikos Mihaloliakos, selon la vidéo d'une émission diffusée dimanche soir par la chaine privée Méga. "Il n'y avait pas de fours, ni de chambres à gaz, c'est un mensonge", a-t-il ajouté. Il a aussi affirmé avoir "lu beaucoup de livres mettant en doute le chiffre de six millions de juifs" exterminés par les nazis. Hitler, "grande personnalité historique" C'est la première fois depuis son succès électoral que Nikos Mihaloliakos tient publiquement des propos négationnistes. Chryssi Avghi a conquis 6,9% de l'électorat (21 députés) en jouant sur la colère des Grecs face à l'austérité et leurs réflexes xénophobes. Leur chef a aussi réitéré tenir Hitler pour "une grande personnalité historique du 20ème siècle". "Je ne dis pas 'heil' tout simplement car c'est quelque chose qu'on dit pour quelqu'un de vivant", a-t-il répondu au journaliste qui lui demandait s'il maintenait un appel à proférer le salut nazi qu'il avait signé en 1987. Le porte-parole du gouvernement sortant, Pantelis Kapsis, a "condamné de la manière la plus catégorique" ces propos "qui déforment l'histoire et constituent une atteinte brutale à la mémoire des millions de victimes de l'holocauste". M. Kapsis a rappelé que parmi ces victimes figuraient "des dizaines de milliers de Grecs juifs", dans une rare référence officielle au sort d'une communauté dont l'extermination à plus de 95% par les nazis n'est évoquée que depuis peu par les manuels scolaires d'histoire. Le Conseil des Juifs de Grèce avait auparavant appelé "les dirigeants politiques, la société civile, la communauté enseignante et les intellectuels à condamner et isoler les forces" du type de Chryssi Avghi.