mardi 20 mai 2014

Plus de 17 500 tweets antisémites postés en Espagne après une défaite au basket

 

Après la victoire de Tel-Aviv face au Real Madrid en finale de l'Euroligue masculine de basket, des milliers de messages antisémites ont envahi le réseau social en Espagne. Des associations juives ont déposé plainte.

Plusieurs associations juives espagnoles ont porté plainte mardi après la diffusion de 17 500 tweets contenant des messages antisémites, dans la foulée de la victoire dimanche de l’équipe Maccabi de Tel-Aviv face au Real Madrid, en finale de l’Euroligue messieurs de basket.
Le club israélien a créé une immense surprise en remportant le match (98-86 après prolongations) tandis que le Real échouait pour la deuxième année consécutive en finale. Mais immédiatement après la partie, une vague de messages à caractère antisémite a envahi Twitter en Espagne, à tel point que le hashtag #putosjudios est devenu pendant quelques heures le plus populaire du réseau social dans ce pays.

«En voyant des réactions à la victoire du Maccabi comme "les Juifs aux fours" ou "les Juifs aux douches", nous avons décidé de porter plainte», a expliqué Rubén Noboa, du collectif Israël en Catalogne, à l’origine de cette action judiciaire, à laquelle se sont jointes 11 autres associations. Les plaignants ont déposé devant la justice plus de 17 500 messages considérés comme antisémites et publiés après le match, dont cinq proviennent d’utilisateurs qui ont pu être identifiés nommément.
Les associations accusent ces cinq personnes d'«incitation à la haine et à la discrimination», un délit passible d’une peine d’un à trois ans de prison en Espagne, et demandent que soient identifiés et poursuivis les autres utilisateurs ayant publié ces messages sur Twitter.

«Les stéréotypes perdurent»

Pour Rubén Noboa, ces messages mettent en évidence le «fond antisémite» demeurant en Espagne, qui est, selon un récent rapport de l’organisation Antidifamation League, le troisième pays européen après la Grèce et la France comptant le plus fort degré d’antisémitisme, alors même que le pays ne compte que très peu de Juifs depuis leur expulsion en 1492. «Ici, presque personne ne connaît de Juif mais les clichés et les stéréotypes perdurent, alimentés également par le catholicisme», affirme-t-il.
Cette polémique survient quelques jours après l’arrestation de trois utilisateurs de réseaux sociaux pour «apologie d’assassinats» dans leurs commentaires et réactions au meurtre, le 12 mai, d’une responsable régionale du parti de droite au pouvoir, Isabel Carrasco.
Le ministre de l’Intérieur, Jorge Fernandez Diaz, avait à cette occasion affiché sa volonté de poursuivre toute «apologie du crime et incitation à la haine» sur les réseaux sociaux. Les associations juives demandent donc une réaction similaire dans ce cas, regrettant que «les autorités publiques réagissent avec tant de célérité dans certaines affaires et si peu dans d’autres», selon Rubén Noboa.
AFP

mardi 13 mai 2014

Un humain sur quatre adhère à des affirmations antisémites

Près d'un quart de la population mondiale se déclare "plutôt d'accord" avec une série d'assertions négatives à propos des Juifs, selon un vaste sondage publié ce mardi par l'institut First International Resources pour la Ligue anti-diffamation).
"Les Juifs ont davantage de pouvoir que les autres dans le monde des affaires", "les Juifs sont plus loyaux envers Israël qu'envers leur propre pays", "les gens détestent les Juifs à cause de la manière dont ils se comportent", "les Juifs pensent qu'il sont meilleurs que les autres"... A ce genre de stéréotypes antisémites, près d'un quart de la population mondiale adhère.

53100 entretiens, 96 pays

C'est l'une des conclusions d'un sondage d'opinion qui doit être rendu public ce mardi par la Ligue anti-diffamation, une association américaine de lutte contre l'antisémitisme fondée par le philanthrope Leonard Stern. Rares sont les enquêtes d'opinion qui couvrent un aussi large espace spectre que celle-ci: 53.100 entretiens ont été menés dans 96 langues à travers 101 pays (plus les territoires palestiniens) entre juillet 2013 et février 2014.
 
 
Une série d'assertions dans la même veine que celles citées plus haut étaient soumises au sondés pour mesurer leur degré d'antisémitisme.  Le Wall Street Journal en a livré quelques conclusions en avant-première. Il apparaît que 26% des répondants ont exprimé leur accord avec au moins 11 d'entre elles.

Trois personnes sur quatre au Moyen-Orient...

D'un point de vue géographique, quelques clichés sur l'antisémitisme sont confirmés, d'autres tombent. Ainsi, et sans surprise, c'est au Moyen-Orient, théâtre des affrontements israélio-palestiniens, que le pourcentage de personnes partageant des idées antisémites est le plus fort (75% des sondés). En dehors de cette zone, pays où le parti d'extrême-droit l'Aube Dorée a réalisé une percée électorale en 2012 et obtenu récemment le droit de présenter des candidats aux élections européennes, 69% des personnes interrogées en Grèce partageaient ces vues.

Fort antisémitisme en Corée du Sud

De manière plus surprenante: en Corée du Sud, où la communauté juive est quasi inexistante, plus de la moitié des sondés (53%) valident au moins six affirmations antisémites. Cette enquête révèle d'ailleurs l'absence de lien entre la proximité géographique d'une communauté juive et les sentiments antisémites. En effet, parmi tous ceux qui avouent adhérer à ces assertions négatives envers les Juifs, 70% disent n'avoir jamais rencontré de Juif en personne.
A l'inverse, aux Etats-Unis le degré d'antisémitisme est bien moins élevé, puisque 9% de la population souscrit à 6 affirmations antisémites (ils étaient 29% dans la première étude du même type datant de 1964). Mais c'est au Laos que l'on trouve la plus faible proportion de personne adhérant à des propos négatifs envers la communauté juive (0,2%).

24% des humains partagent des opinions islamophobes

A titre de comparaison, des membres de communautés religieuses ont également fait l'objet de l'enquête. Globalement, les musulmans recevaient 47% d'opinions favorables et 24% d'opinions défavorables, les chrétiens respectivement 62% et 15%. Les juifs en tant que membre d'un groupe religieux sont jugés positivement par 38% des sondés et négativement par 21%.
Enfin, une autre affirmation était également suggérée: "les Juifs parlent trop de qui leur est arrivé pendant l'Holocauste".  Si le détail du nombre de personnes adhérant à cette assertion n'est pas encore dévoilé, un chiffre marquant ressort de ce sondage. Soixante-dix ans après le Débarquement, 66% des sondés disent n'avoir jamais entendu parler de la Shoah, ou bien doutent qu'elle se soit réellement produite.