vendredi 9 décembre 2011

D’anciens SS d’Oradour-sur-Glane identifiés par le parquet de Dortmund


Ce sont les archives de la Stasi qui ont mené les enquêteurs sur la trace des six octogénaires allemands soupçonnés d’avoir participé au massacre d’Oradour-sur-Glane. Le 10 juin 1944, le régiment SS «Der Führer» assassinait 642 personnes dont 206 enfants dans ce village des environs de Limoges. Les femmes et les enfants, enfermés dans l’église, ont péri dans l’incendie du bâtiment. Cinq hommes, quatre femmes et un enfant ont survécu au massacre.

Quelque soixante-sept ans plus tard, le parquet de Dortmund, compétent en Allemagne pour les crimes nazis, a fait procéder au cours des deux derniers mois à des perquisitions chez ces retraités de la SS, âgés de 85 à 87 ans, dans l’espoir - vain - de retrouver photos, journaux intimes, ou tout autre document pouvant attester de leur participation à ce crime contre l’humanité. Ces hommes vivent à Hanovre, près de Berlin, à Cologne, à Bielefeld et près de Darmstadt. Tous auraient appartenu au régiment Der Führer.

«Il est certain que les six hommes sont associés au massacre. Nous savons que l’ensemble de la compagnie se trouvait à Oradour-sur-Glane ce jour-là, a fait savoir le procureur de Dortmund, Andreas Brendel. Mais les 120 soldats n’avaient pas tous la même "tâche". Certains étaient affectés à l’encerclement des habitants, d’autres les ont triés, un troisième groupe appartenait au commando d’exécution. Nous cherchons à déterminer quel était le niveau de responsabilité des six personnes.»«Vu leur jeune âge à l’époque, ils n’étaient certainement pas décisionnaires», estime pour sa part Robert Hébras, survivant du massacre.

Le procureur de Dortmund, s’appuyant sur le précédent du cas Demjanjuk (cet Ukrainien convaincu au printemps d’avoir été gardien au camp de la mort de Sobibor), a rouvert le dossier d’Oradour à la suite d’informations communiquées par les autorités chargées de la conservation des archives de la Stasi. Le dossier consacré à Heinz Barth, l’ancien SS condamné en 1983 à la prison à vie par la justice est-allemande pour avoir donné l’ordre d’exécution à Oradour, fait état de deux «témoins», fortement soupçonnés par la police politique est-allemande d’avoir participé au massacre. L’un d’eux est décédé entre-temps. La police vient de perquisitionner chez le second. Barth, libéré au bout de dix ans pour raisons de santé, est mort en 2007.

La République démocratique d’Allemagne (RDA) n’a jamais entrepris de poursuites contre les «témoins»«de peur de susciter un tollé en RDA et à l’étranger s’il était avéré que plus d’un criminel nazi avait pu se cacher si longtemps en RDA», comme l’explique Henry Leide, qui travaille à la conservation des archives de la Stasi. Les six suspects nient les faits ou ne sont plus à même de s’exprimer.

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