jeudi 22 décembre 2011

Savoie: Enquête préliminaire ouverte après la soirée nazie d'un député anglais



POLÉMIQUE - Le restaurant où a eu lieu la soirée va porter plainte...

La justice française a ouvert une enquête préliminaire sur une soirée nazie à laquelle a participé au début du mois un député britannique conservateur, Aidan Burley, a annoncé jeudi le parquet d'Albertville, en Savoie. Un groupe de Britanniques s’était retrouvé le 3 décembre dans la station de ski huppée Val-Thorens (Savoie) pour fêter l’un d’entre eux à l’approche de son mariage. Parmi les invités, un député anglais conservateur, Aidan Burley, qui a trouvé de bon goût de louer un uniforme d’officier nazi pour le faire porter au futur marié, rapporte Le Parisien.

Et pour accompagner le costume, des chants et des toasts en l’honneur d’Hitler et Himmler ont été entonnés… Sauf que les fêtards se sont donnés en spectacle en public dans un restaurant et que la scène a été filmée. La vidéo a été postée sur YouTube puis reprise par le Mail on Sunday, ce qui a déclenché un scandale en Grande-Bretagne.
D'autres précédents

Le député, également chargé de mission auprès du ministre des Transports, a été démis de ses fonctions auprès du gouvernement. Il s'est excusé sur Twitter et dans une une lettre publiée dans The Jewish Chronicle mais cela n’a pas suffi à calmer la colère de l’opinion. David Cameron, le Premier ministre, a décidé d’ouvrir une enquête. Et l’affaire pourrait avoir des suites en France puisque il est interdit de porter un uniforme nazi ou de faire l’apologie du IIIe Reich sur le territoire hexagonal.

Déjà, le restaurant dans lequel a eu lieu cette sauterie a annoncé qu'il allait porter plainte. L'office de tourisme de Val-Thorens s'est, lui, élevé contre ce fait et a voulu défendre l'image de la station. «La station ne peut que condamner, avec la plus grande fermeté ce type de comportement, y compris dans la sphère privée. Ces attitudes et ces conduites sont totalement contraires aux valeurs de Val Thorens», dit l'office dans un communiqué.

Ce n’est pas la première fois qu’un Britannique se distingue de cette manière et choque ses compatriotes. Le Prince Harry, fils cadet de la princesse Diana, avait été photographié en 2005 déguisé en officier nazi à l’occasion d’une fête costumée. Et en 2008, c’est Max Mosley, alors président de la Fédération internationale automobile, qui avait été filmé lors d’une partie fine SM… Habillé en nazi.

vendredi 9 décembre 2011

D’anciens SS d’Oradour-sur-Glane identifiés par le parquet de Dortmund


Ce sont les archives de la Stasi qui ont mené les enquêteurs sur la trace des six octogénaires allemands soupçonnés d’avoir participé au massacre d’Oradour-sur-Glane. Le 10 juin 1944, le régiment SS «Der Führer» assassinait 642 personnes dont 206 enfants dans ce village des environs de Limoges. Les femmes et les enfants, enfermés dans l’église, ont péri dans l’incendie du bâtiment. Cinq hommes, quatre femmes et un enfant ont survécu au massacre.

Quelque soixante-sept ans plus tard, le parquet de Dortmund, compétent en Allemagne pour les crimes nazis, a fait procéder au cours des deux derniers mois à des perquisitions chez ces retraités de la SS, âgés de 85 à 87 ans, dans l’espoir - vain - de retrouver photos, journaux intimes, ou tout autre document pouvant attester de leur participation à ce crime contre l’humanité. Ces hommes vivent à Hanovre, près de Berlin, à Cologne, à Bielefeld et près de Darmstadt. Tous auraient appartenu au régiment Der Führer.

«Il est certain que les six hommes sont associés au massacre. Nous savons que l’ensemble de la compagnie se trouvait à Oradour-sur-Glane ce jour-là, a fait savoir le procureur de Dortmund, Andreas Brendel. Mais les 120 soldats n’avaient pas tous la même "tâche". Certains étaient affectés à l’encerclement des habitants, d’autres les ont triés, un troisième groupe appartenait au commando d’exécution. Nous cherchons à déterminer quel était le niveau de responsabilité des six personnes.»«Vu leur jeune âge à l’époque, ils n’étaient certainement pas décisionnaires», estime pour sa part Robert Hébras, survivant du massacre.

Le procureur de Dortmund, s’appuyant sur le précédent du cas Demjanjuk (cet Ukrainien convaincu au printemps d’avoir été gardien au camp de la mort de Sobibor), a rouvert le dossier d’Oradour à la suite d’informations communiquées par les autorités chargées de la conservation des archives de la Stasi. Le dossier consacré à Heinz Barth, l’ancien SS condamné en 1983 à la prison à vie par la justice est-allemande pour avoir donné l’ordre d’exécution à Oradour, fait état de deux «témoins», fortement soupçonnés par la police politique est-allemande d’avoir participé au massacre. L’un d’eux est décédé entre-temps. La police vient de perquisitionner chez le second. Barth, libéré au bout de dix ans pour raisons de santé, est mort en 2007.

La République démocratique d’Allemagne (RDA) n’a jamais entrepris de poursuites contre les «témoins»«de peur de susciter un tollé en RDA et à l’étranger s’il était avéré que plus d’un criminel nazi avait pu se cacher si longtemps en RDA», comme l’explique Henry Leide, qui travaille à la conservation des archives de la Stasi. Les six suspects nient les faits ou ne sont plus à même de s’exprimer.