mercredi 6 février 2013

C'est en hiver qu'il faut venir....




La neige couvre massivement Cracovie ce matin; la ville déjà superbe en temps habituel ressemble à une station de sports d'hiver au lourd manteau blanc où la brume ferait obstacle à une descente dans la poudreuse. Hier matin, sur la même route il n'y avait pas une trace de blanc. Il a suffi que la neige tombe ce matin entre 5 et 7h pour transformer le paysage, changer de saison et changer de monde. Ce ne sont pas des vacances. J'accompagnais hier le groupe de 25 évêques français et trois évêques espagnols qui, sous la direction du cardinal André Vingt Trois, venait à Auschwitz  Birkenau pour apprendre et essayer de comprendre. 


« C'est en hiver qu'il faut venir, pas pour comprendre, car comment comprendre la survie dans de telles conditions, mais pour se stupéfier de ce qu'ont vécu ceux qui ne sont pas entrés directement dans les chambres à gaz »

Travail indispensable, mais  expliquer Auschwitz est très difficile; les moindres approximations et  confusions  alimentent des ignorances dont on croit trop qu'elles ont disparu quand on est soi-même très impliqué et qu'on pense naïvement que chacun l'est également dans une société où le travail de mémoire s'est tellement développé ces dernières années.

Il faisait beau hier pendant la visite. Mais en retournant vers l'aéroport,  je pense à ces hommes et ces femmes qui  ont dû vivre dans la même neige, la même brume, parfois avec des températures descendant à -30°C. Comment ont-ils fait dans leurs baraques à peine chauffées, à peine vêtus, avec le travail harassant, les appels interminables debout sans bouger, les rations de famine?

Parfois au printemps Auschwitz et même Birkenau ont un air champêtre. C'est en hiver qu'il faut venir, pas pour comprendre, car comment comprendre la survie dans de telles conditions, mais pour se stupéfier de ce qu'ont vécu ceux qui ne sont pas entrés directement dans les chambres à gaz et dont la durée de survie moyenne dans le camp ne dépassait pas trois mois.

Richard Prasquier

mardi 5 février 2013

Des dizaines d'imams au mémorial de la Shoah à Drancy




Des dizaines d'imams se sont rendus ce lundi soir au Mémorial de la Shoah à Drancy (Seine-Saint-Denis) pour montrer que l'islam est une religion «d'amour» et de «tolérance», une «image forte» saluée par le ministre de l'Intérieur Manuel Valls. «A un moment où il y a une montée du racisme et de la peur de l'islam, on dit  "non, il est possible de vivre ensemble"», a déclaré à l'AFP l'imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, à l'initiative de l'événement.
74% des Français estiment que la religion musulmane n'est pas compatible avec les valeurs de la société française, selon un sondage Ipsos publié dans Le Monde en janvier. «Aujourd'hui, on montre qu'il y a un islam de France sans influence, sans ingérence et sans fanatisme», a-t-il ajouté. «On montre l'importance de la vie humaine pour l'islam, qui refuse l'intégrisme, les racismes et la barbarie.»

«Images très fortes»

Les imams en boubous ou djellabahs, venus de plusieurs villes de France, sont arrivés en autocar en fin de journée à l'ancien camp d'internement des Juifs d'où furent déportées près de 70.000 personnes entre 1941 et 1944.
Après le dépôt d'une gerbe de fleurs à la mémoire des victimes, ils ont été brièvement reçus au mémorial de la Shoah inauguré en septembre, et «remerciés» de leur visite par son directeur Jacques Fredj. «Ce sont des images très fortes qui parlent mieux que les mots et les discours», a estimé Manuel Valls. «Le monde a besoin de paix et de concorde, de gens qui dialoguent et s'écoutent».
Pour le ministre, la présence des imams «montre que le dialogue, la tolérance et la connaissance des autres religions sont indispensables pour lutter contre l'antisémitisme et tous les fanatismes, ceux qui nient la Shoah comme ceux qui ont voulu détruire Tombouctou».

Parole publique

Les groupes islamistes chassés du nord du Mali par l'armée françaises ont détruit plusieurs mausolées de saints musulmans dans cette ville qui fut longtemps «la perle» du Sahel.
Des représentants des autres grands cultes - catholiques, protestants, coptes - étaient présents à la visite, suivie d'un dîner au Centre Culturel de Drancy, à l'occasion de l'Aïd-el-Mouled qui célèbre la naissance du prophète Mahomet.
Dix-sept des imams présents s'étaient déjà rendus en Israël à l'automne pour prier sur la tombe des enfants juifs tués à Toulouse devant leur école, il y a onze mois, par Mohamed Merah.
Sam Samba, imam dans le 19e, en était. Ce Malien, soufi, assure que sa «religion est pour la paix». Il reconnaît que sa démarche n'est pas totalement consensuelle dans la communauté. «Il y en a que cela embête, mais ça m'est égal», dit-il. «Je n'ai peur de rien.»

«Très courageux»

Les prises de positions de l'imam Chalghoumi, qui était d'accord avec l'interdiction de la burqa et a souvent milité pour l'amitié judéo-musulmane, lui ont valu des menaces sérieuses, si bien qu'il bénéficie en permanence d'une protection rapprochée. «C'est un engagement pour ces imams, ce n'est pas facile, ils vont se faire insulter sur le net», a prédit l'écrivain juif français Marek Halter, qui a participé à l'événement. «C'est très courageux de leur part.»
«Après quelques initiatives individuelles, on a l'impression qu'une partie de l'islam prend la parole publiquement et collectivement contre l'antisémitisme», a pour sa part noté le directeur du mémorial. «C'est un message interne pour dire à leurs ouailles "ce n'est pas l'islam" mais aussi externe pour montrer que la majorité des musulmans de France ne se rangent pas derrière les radicaux», a-t-il estimé

vendredi 1 février 2013

Un éminent conseiller de Morsi : la Shoah est une invention des États-Unis


Fathi Shihab-Eddim, un éminent conseiller du président égyptien, a prétendu que la Shoah avait été inventé de toutes pièces par les États-Unis.  «Les agences de renseignement des États-Unis, avec la collaboration de leurs partenaires, ont inventé l'histoire afin de noircir l'image de l'Allemagne et de justifier la guerre, et particulièrement les attaques à la bombe atomique», a déclaré Shihab-Eddim il y a deux jours, au cours de la Journée internationale de la Shoah.
« Évidemment, si une personne fait de telles affirmations ridicules, cela est préoccupant »

L'éminent conseiller, qui, entre autres, est responsable de la nomination de tous les rédacteurs en chef des journaux gouvernementaux, a poursuivi en disant que lors de la Seconde Guerre mondiale, six millions de juifs n'ont pas été assassinés, mais ont «émigré aux États-Unis» ; ainsi a reporté le site web américain de Fox News.

 «"Évidemment, si une personne fait de telles affirmations ridicules, cela est préoccupant», a déclaré Éphraïm Zuroff, le directeur de la délégation israélienne de l'Institut Shimon Wiesenthal pour la prévention de l'antisémitisme.  «La triste vérité est que ces points de vue sont relativement courants dans le monde arabe et sont le résultat de l'ignorance d'une part, et du négationnisme de la Shoah parrainé par les gouvernements d'autre part."