lundi 29 août 2011

Le fondateur d’Ikea rattrapé par ses relations avec les nazis


Le PDG d'Ikea Ingvar Kamprad, à gauche, est mis en cause pour ses relations avec les nazis dans le livre d'une journaliste suédoise.

Il a entretenu des liens plus poussés avec des groupuscules nazis suédois qu'il ne l'admet, affirme le livre d'une journaliste suédoise.

Rattrapé par son passé? Le fondateur du groupe suédois Ikea a entretenu, pendant et après la seconde guerre mondiale, des liens plus poussés avec des groupuscules nazis suédois qu'il ne l'a admis par la suite, selon un nouveau livre publié dans le royaume où il suscite des réactions critiques.

Ingvar Kamprad, un milliardaire âgé de 85 ans qui continue à contrôler le numéro un mondial de l'ameublement, a reconnu depuis une quinzaine d'années qu'il avait adhéré à un mouvement de jeunesse fasciste durant la guerre, en qualifiant cet épisode de "plus grave erreur" de sa vie et de "folie de jeunesse".

Le Suédois avait pourtant adhéré à un autre groupuscule encore plus extrémiste et il est resté un admirateur de Per Engdahl, l'une des principales figures nazies de Suède, détaille la journaliste suédoise Elisabeth Aasbrink, auteur d'un livre qui est sorti cette semaine. "C'est peut-être le plus surprenant. Il a toujours dit qu'il s'était impliqué dans la confusion de la jeunesse. Mais en août dernier, il était encore loyal à l'égard de ce leader fasciste", a-t-elle assuré, sur la foi d'un entretien qu'Ingvar Kamprad lui avait alors accordé. "Il m'a dit: "Engdahl était une grande personnalité et je le maintiendrai jusqu'à la fin de mes jours."

Ami d'un jeune juif

Le livre d'Elisabeth Aasbrink, Et les arbres restent debout à Wienerwald, raconte l'histoire d'Otto Ullman, un jeune juif devenu un "très bon ami" d'Ingvar Kamprad, avoir avoir été envoyé d'Autriche vers la Suède, officiellement neutre, juste avant le début de la 2e guerre.

Elisabeth Aasbrink a indiqué avoir voulu comprendre comment il avait pu devenir aussi proche d'Otto Ullman, tout en étant impliqué dans un mouvement dont l'idéologie avait contribué à envoyer les parents de l'Autrichien dans le camp d'Auschwitz où ils ont été tués. En insistant auprès de lui sur ce paradoxe, Kamprad a fini par lui répondre: "je ne peux pas voir là une contradiction".

Proche d'un leader nazi

Même après la guerre, Ingvar Kamprad est resté ami avec Per Engdahl (décédé en 1994). Elisabeth Aasbrink a rappelé notamment qu'il avait invité le leader nazi à son premier mariage en 1950 - épisode admis par Ingvar Kamprad dans la biographie autorisée qui lui est consacrée. Elisabeth Aasbrink a également découvert que le jeune Kamprad, qui a admis avoir rejoint le Nouveau mouvement suédois de Per Engdahl, avait auparavant été membre d'un groupuscule plus extrémiste, le Rassemblement socialiste suédois (SSS). Sa carte de membre portait le numéro 4014.

Autre élément nouveau dans le livre, la police de sécurité suédoise, la Saepo, avait ouvert un dossier intitulé "nazi" sur le compte d'Ingvar Kamprad en 1943, l'année où il avait fondé, à 17 ans, une petite entreprise, Ikea, dans un village du sud de la Suède. Elisabeth Aasbrink a précisé ne pas avoir pu consulter ce dossier au-delà de l'année 1949. Dans la partie du document à laquelle elle a eu accès, la journaliste a lu qu'Ingvar Kamprad affirmait à l'époque "avoir recruté des membres (...) et ne semblait pas manquer une occasion de servir le parti", le SSS.

Ni le Suédois, domicilié en Suisse depuis 1978, ni son porte-parole ne pouvait être joint pour un commentaire jeudi soir. Sur son site Internet, Ikea a souligné que "ce qui s'est passé il y a 70 ans est quelque chose pour laquelle Ingvar a présenté ses excuses à de nombreuses reprises (...) et cela n'a rien à voir avec les activités d'Ikea". "Ingvar a dédié sa vie d'adulte à Ikea et aux valeurs démocratiques que représente Ikea", est-il ajouté.

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