lundi 22 juin 2009

Une médaille de "Juste" pour l'officier allemand qui a sauvé le "Pianiste"


BERLIN (AFP) - L'officier allemand qui avait secouru pendant la guerre le pianiste juif polonais Wladyslaw Szpilman, une histoire rendue célèbre par le film de Roman Polanski "Le Pianiste" (2002), a reçu vendredi à Berlin à titre posthume la médaille de "Juste parmi les Nations" de Yad Vashem.

Basé pour la Wehrmacht à Varsovie à partir de 1940, Wilhelm Hosenfeld -dit Wilm- a aidé en 1944-45 le pianiste et compositeur Szpilman à survivre en lui fournissant une cachette et des vivres.

Arrêté par les Soviétiques et condamné à la prison à vie, il est mort en détention en 1952, à l'âge de 57 ans.

La médaille et le certificat de "Juste parmi les Nations" de Yad Vashem, le Mémorial pour la Shoah de Jérusalem, ont été remis vendredi à ses enfants lors d'une cérémonie au Musée juif de Berlin, en présence de la veuve, du fils et des petits-enfants du pianiste.

"Wilhelm Hosenfeld a été profondément bouleversé" par les crimes commis par les nazis, il l'a écrit dans des lettres à sa femme en dénonçant "le génocide des juifs" commis par "des animaux", a déclaré la représentante de Yad Vashem, Gisela Kuck, devant des descendants de l'officier.

"En mars 1941, après sa première visite d'un ghetto juif, il a écrit: +Horribles conditions de vie. C'est pour nous un acte d'accusation épouvantable. Les gens sont forcés de vivre comme des animaux+. Et plus tard, après le soulèvement du ghetto de Varsovie, +nous n'avons mérité aucune grâce et aucune pitié. Chaque Polonais a le droit de nous cracher dessus+", a-t-elle ajouté.

Très ému, Detlev Hosenfeld, 82 ans, a exprimé la "profonde reconnaissance" de sa famille pour le titre de Juste décerné à son père plus de 60 ans après les faits.

Le fils du pianiste Andrzej Szpilman a lui dit sa "grande joie". "Mon père avait écrit à Yad Vashem et fait acter chez un notaire peu avant sa mort (en 2000) son souhait de voir Wilhelm Hosenfeld honoré". Ce titre de Juste, "c'est le minimum que l'on pouvait faire", a-t-il estimé, en appelant l'Allemagne à honorer à son tour l'ex-officier.

"Mon père a vécu dans des ruines à Varsovie, en hiver par -20 ou -25°C, et Wilm Hosenfeld l'a soutenu activement", mais ce n'est qu'en 1951 qu'il a appris l'identité de son sauveteur, par le biais d'un autre juif sauvé par l'officier allemand, a expliqué à l'AFP Andrej Szpilman.

Car pendant la guerre, a indiqué une fille de l'officier, Jorinde, 76 ans, "Szpilman avait préféré ne pas savoir le nom de mon père, pour ne pas risquer de le trahir en cas de torture".

23.000 personnes dont 500 Allemands ont reçu le titre de "Juste parmi les nations" pour avoir sauvé des juifs de l'Holocauste.

Le film "Le Pianiste" a reçu la Palme d'Or au Festival de Cannes en 2002 et plusieurs Oscars et Césars.

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