samedi 27 août 2016

Ces photos témoignent de la création d'un ghetto juif en Pologne, en 1940

L'historienne Julia Werner a découvert au Musée juif de Rendsburg (Allemagne) cet ensemble de photos qui constitue un des seuls témoignages visuels dont nous disposons de la construction d'un ghetto. Prises le 16 juin 1940 par le soldat allemand Wilhelm Hansen, ces 83 images (dont vous pouvez voir une sélection ci-dessous) décrivent le déménagement forcé de la population juive de Kutno (Pologne) de ses maisons vers une usine de sucre abandonnée, où elle s'est vu ordonner de s'installer. «Aucune autre source ne nous permet de parler de la ghettoïsation avec autant de détails: les carrioles à cheval, les gens en train d'attendre, les masses d'objets, possessions, meubles que, dans ce cas particulier, ils ont été capables d'amener dans le ghetto», écrit Werner dans un long résumé du contexte des photographies, publié sur le site de la Shoah Foundation Institute for Visual History and Education (University of Southern California). Les photos montrent aussi «la situation désespérée, à la fin de la journée, dans les bâtiments de l'usine de sucre, où environ 7.000 personnes ont été en gros abandonnées avec leurs bagages». Quand Hansen a pris ces photos, il était un soldat de la Wehrmacht; un an après, il a candidaté, avec succès, pour devenir membre du parti nazi. Photographe amateur de longue date, il a apparemment pris les photos pour son usage personnel davantage que pour un usage officiel. «En gros, Hansen a passé toute la journée à documenter ce déménagement forcé», écrit Werner. «De ces photos, nous pouvons déduire qu'il s'est déplacé librement et n'a pas essayé de cacher son appareil.» Werner écrit qu'il existe un vide majeur dans les archives photographiques des nombreux déplacements forcés de Juifs durant l'occupation allemande: on n'a quasiment pas d'images prises par des Juifs polonais. «L'accès aux appareils photo était très inégalitaire», écrit Warner. «Les Juifs n'étaient pas autorisés à posséder un appareil, et chez les Polonais non-Juifs, son usage était strictement limité à la sphère privée. Les occupants allemands, non seulement ont exproprié de leur entreprise les Polonais propriétaires de leur laboratoire photo et ont interdit les photographes professionels de travailler, mais ils ont aussi confisqué les appareils photo.» Le Shoah Foundation Institute a enregistré des témoignages oraux de survivants qui ont vécu dans le ghetto de Kutno, qui peuvent nous aider à comprendre comment les Juifs ont pu voir ce camp à ciel ouvert. Dans un de ces entretiens, Barbara Stimler se souvient de l'esprit de coopération qui existait parmi les habitants du camp, qu'elle qualifie de «pire endroit où elle a jamais vécu»: «Nous sommes arrivés sans rien, mais il y avait un comité de répartition, et ils nous ont donné un lit.» Dans un autre entretien, Gordon Klasky, un barbier qui fini par réinstaller son commerce dans l'enceinte de l'usine de sucre, décrit les conditions de vie: «Nous avions collé les lits les uns aux autres... Il n'y avait pas de place où marcher, juste où s'allonger sur les lits... Beaucoup de gens avaient installé leur petit chez-soi, vous savez, comme le font les Indiens... comme des tentes, mais construites en bois, avec des couvertures sur le dessus... Quand il pleuvait, nous étions en train de nager.» Quand on lui demande comment la Gestapo contrôlait les faits et gestes des gens vivant à l'intérieur du camp, Klasky répond: «J'ai vu un frère juif être abattu, de mes propres yeux. Il s'est approché trop près des barbelés, et le garde l'a tout simplement abattu. Je ne l'oublierai jamais.»

mardi 2 août 2016

Allemagne : le journal de Himmler découvert et publié dans le quotidien Bild

Le journal du chef de la SS Heinrich Himmler a été découvert dans des archives en Russie, en début d’année. Le quotidien allemand Bild va en publier des extraits de ce document d’un millier de pages à partir de ce mardi. Un témoignage de l’intérieur inédit qui compte des scènes horribles. Certains auteurs allemands le désignent comme le “meurtrier du siècle”, et il y a de quoi : bras droit d’Hitler, dirigeant de la SS, la police nazie, il avait autorité sur les camps de concentration et d’extermination et avait mis en œuvre la Shoah. Heinrich Himmler n’avait pas été jugé pour ses crimes, car il s’était suicidé en mordant dans une capsule de cyanure cachée dans une dent, juste après son arrestation en 1945 par des soldats britanniques. Déposé longtemps après la guerre 71 ans après, son journal personnel a été retrouvé dans des archives militaires russes à Podolsk, ville située au sud de Moscou, où il y aurait été déposé longtemps après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le quotidien allemand Bild va publier par épisodes des extraits de ce document qui donne un éclairage nouveau sur l'industrialisation des meurtres de masse perpétrés par le régime nazi. “Un cerveau a éclaboussé son manteau” Composé d'environ 1.000 pages, le journal est une sorte d'agenda qui comprend des dates, des réunions mais aussi des décisions militaires et des scènes d'horreur dans les camps de la mort nazis. Le journal britannique The Daily Mail a d’ailleurs déjà révélé des passages à la fois surprenants et glaçants. Dans l'un des extraits daté d'août 1941, l’architecte de la “solution finale” écrit s'être presque évanoui, alors qu'il assistait à une exécution de juifs sur un site proche de Minsk en Biélorussie, “lorsque le cerveau de l'une des victimes a éclaboussé son manteau”, cite le Daily Mail. L’“efficacité” des moteurs diesel pour gazer les prisonniers En 1943, Himmler témoigne dans son journal de l'“efficacité” des moteurs diesel pour gazer les prisonniers du camp d'extermination de Sobibor. Le soir même, un banquet sera donné “en son honneur”. Cette méthode d'extermination par les gaz d'échappement sera ensuite remplacée par le Zyklon B, un puissant pesticide utilisé au départ pour désinfecter les vêtements, notamment des poux. A un autre moment, à propos du camp d'extermination d'Auschwitz, le chef nazi recommande l'utilisation de chiens “capables de mettre en pièces n'importe qui sauf leur maître”. “Nous les exterminons… une petite affaire” Le point d'orgue de ce journal est selon BFMTV le 4 octobre 1943 où une “réunion de chefs de groupes” est inscrite, à Potsdam, dans la Pologne occupée par les nazis. A 17h30, devant le comité restreint, le chef de la SS tient un discours durant lequel il évoque les objectifs nazis : “Je parle de l'évacuation des juifs, de l'extermination du peuple juif. (…) Cela fait partie de nos plans, nous éliminons les juifs, nous les exterminons… une petite affaire.” La Seconde Guerre mondiale a fait plus de 60 millions de morts. Six millions de juifs ont été exterminés dans les camps de la mort.

jeudi 30 juin 2016

Un tunnel creusé par des juifs au fond d'un charnier pendant la Seconde Guerre Mondiale a été retrouvé

Dans les derniers mois de la Seconde Guerre Mondiale, un groupe de 80 prisonniers juifs du camp de Stutthof en Lituanie avait pour mission de brûler et d'enterrer dans des charniers les corps de ceux qui étaient emprisonnés comme eux afin d'aider à dissimuler au maximum les atrocités nazies. Un soir, ceux qui constituaient "La Brigade du Feu", sont restés coincés au fond de la fosse et en ont profité pour tenter de s'échapper en creusant un tunnel à l'aide de cuillères et de leurs mains. Onze survivants ont mis trois mois à s'extirper de la terre. Cette aventure a été menée par un prisonnier nommé Isaac Dogim. "Un jour, Dogim déplaçait des corps calcinés quand il a reconnu sa femme et ses trois soeurs", explique l'équipe des Archives de l'Holocauste. "Parmi les corps décomposés, il a reconnu celui de sa femme par le médaillon qu'il lui avait offert pour leur mariage. Depuis ce temps, il avait tout tenté pour s'échapper. Avec cette fosse, il a trouvé une occasion".
Cette histoire était connue de tous mais le tunnel n'avait jamais été retrouvé. Jusqu'à maintenant. Une équipe de l'Autorité des antiquités d'Israël a utilisé la technologie du radar au sol et de l'imagerie pour trouver ce sous-terrain. C'est en pleine forêt de Ponary, proche de Vilnius, que le tunnel a été révélé. Avant la Seconde Guerre Mondiale, ce site était si vaste qu'il était connu sous le nom de "Jérusalem de Lituanie". Depuis, la forêt a perdu cette dénomination alors que des dizaines de milliers de juifs ont été massacrés. Jon Seligman, un membre de l'expédition, s'est exprimé sur le sujet. "En tant que représentant d'une famille israélienne et juive d'origine lituanienne, j'étais réduit aux larmes", a-t-il dit. "Cette découverte est un témoignage fort de la victoire de l'espoir sur le désespoir. L'exposition de ce tunnel démontre, certes, les horreurs de l'Holocauste, mais aussi et avant tout l'aspiration à la vie de tous...