mercredi 1 septembre 2010

Une prof suspendue pour avoir emmené ses élèves à Auschwitz?


A Nancy, la professeure d'histoire, de confession juive, est suspendue quatre mois pour avoir manqué à ses obligations "de neutralité et de laïcité".



Une professeur d'histoire de Nancy, a été suspendue quatre mois de ses fonctions pour avoir manqué à ses obligations "de neutralité et de laïcité" en organisant des voyages scolaires dans des camps de concentration, a-t-on appris mardi 31 août auprès de son avocate.

Le rectorat était injoignable mardi après-midi pour donner sa version de cette affaire mais le rapport de l'inspection parle lui d'une "instrumentalisation" des élèves.

Catherine Pederzoli, 58 ans, avait l'habitude d'organiser des voyages en Pologne et en République Tchèque depuis une quinzaine d'années avec ses classes de seconde, première et terminale du lycée public Henri-Loritz de Nancy, a expliqué à l'AFP son avocate, Me Christine Tadic.

"Depuis l'arrivée d'une nouvelle direction de l'établissement en 2007, on s'acharne contre elle, on veut s'en débarrasser", dénonce l'avocate.

"La faute que l'enseignante a commise n'est-elle pas d'être juive?", interroge Me Tadic, qui a saisi mardi en référé le tribunal administratif pour suspendre la décision du recteur. Le tribunal devrait se prononcer d'ici 15 jours.



Suspectée de manipuler ses élèves

Catherine Pederzoli a fait l'objet d'une enquête de l'Inspection générale de l'Education nationale suite à une manifestation organisée par certains de ses élèves en décembre dernier à Nancy, lors d'un déplacement du ministre de l'Education nationale, Luc Chatel. Les lycéens protestaient contre la décision de réduire de moitié le nombre d'élèves participants au prochain voyage.

La professeur d'histoire avait été suspectée d'avoir organisé la manifestation et manipulé ses élèves.

Dans un rapport rédigé en juillet, les inspecteurs pointent des "manquements aux obligations de réserve, de neutralité et de laïcité", et reprochent à l'enseignante l'"instrumentalisation des élèves" par des "lavages de cerveaux".

Les auteurs notent en outre que, lors de leur entretien avec la professeur, cette dernière a prononcé 14 fois le mot "Shoah", "tandis que le terme à la fois plus neutre et juridiquement fondé de "génocide" n'(a été) mentionné que deux fois, comme en passant", écrivent-ils.

"Cette enseignante aurait été chrétienne, on n'aurait pas pu dire qu'elle faisait du lavage de cerveau", dénonce son avocate.

Dans un courrier à Luc Chatel, l'édile demande que soit différée la suspension de cette enseignante, sanctionnée pour manque de neutralité et de laïcité.


Le maire de Nancy, André Rossinot (UMP-Rad), a demandé jeudi 2 septembre au ministre de l'Education nationale Luc Chatel de "différer la suspension" de l'enseignante d'histoire de Nancy qui aurait failli aux obligations de laïcité et de neutralité.
Dans son courrier à Luc Chatel, le maire demande "avec insistance de comprendre l'émotion majeure ressentie à Nancy et au plan national" et de "bien vouloir prendre des mesures pour différer la suspension".

Cela, ajoute la maire, "pour permettre une analyse globale et républicaine évitant tout amalgame fâcheux".

Jeudi matin le ministre a affirmé sur RMC que la suspension de l'enseignante "ne présageait en rien d'une éventuelle sanction finale".

Mais le rapport de l'Inspection générale fait aussi état d'une ambiance de travail "très difficile à vivre", a dit jeudi une proviseur-adjointe.
La proviseur du lycée a affirmé que l'enseignante "fait ce qu'elle veut, comme elle veut et se pose en victime quand on lui demande de s'intégrer à la logique du système".

"Elle a eu une attitude un peu excessive dans le lycée, c'est un juste retour des choses", a déclaré un professeur du lycée public Henri-Loritz.

Des enseignants évoquent aussi une pétition lancée l'an dernier contre l'enseignante et "signée par 180 personnes sur les 320 que compte l'établissement". Ses auteurs, rétorque l'avocate de Catherine Pederzoli, "ont utilisé le conditionnel sans fournir de preuve corroborant leurs allégations".

Dans un communiqué le SNES, qui avait vainement tenté une médiation, a jugé jeudi que "la méthode et les délais pour cette suspension brutale sont inacceptables".

(Nouvelobs.com avec AFP)

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