lundi 25 janvier 2010

Les propos d'un évêque polonais sur l'Holocauste font scandale


L'évêque polonais Tadeusz Pieronek suscite des remous après la publication de propos par lesquels il affirme que les Juifs se sont "approprié" l'Holocauste comme une "arme de propagande", mais il a démenti avoir parlé à ce sujet d'une "invention juive". Lire la suite l'article


Les déclarations de Mgr Pieronek, qu'ont dénoncées des dirigeants juifs de Pologne et d'autres pays, ont été diffusées sur le site catholique italien www.pontifex.roma.it.

Pieronek, ancien secrétaire de la conférence épiscopale polonaise, est ensuite intervenu à la télévision polonaise pour dire qu'on avait manipulé ses propos. Il a nié en particulier une phrase qui lui faisait dire que "l'Holocauste en tant que tel est une invention juive".

Il a également dit ne pas avoir "autorisé" la publication de l'interview, qui restait consultable sur le site lundi soir.

"Il est indéniable que le plus grand nombre des morts dans les camps de concentration étaient des Juifs, mais il y a aussi sur la liste des tziganes polonais, des Italiens et des catholiques", dit-il dans l'interview.

Mercredi, sera célébré le 65e anniversaire de la libération du camp d'extermination nazi d'Auschwitz. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président polonais Lech Kaczynski et de nombreux ministres européens seront présents aux commémorations qui y sont prévues.

VIVES RÉACTIONS

"Il n'est pas juste de s'approprier cette tragédie à des fins de propagande", dit aussi Pieronek, ajoutant que des journées commémoratives devraient être consacrées aux "victimes du communisme, aux catholiques, aux chrétiens persécutés et ainsi de suite".

"Mais eux, les Juifs, bénéficient d'une bonne presse parce qu'ils sont soutenus par de puissants moyens financiers (...) et l'appui inconditionnel des Etats-Unis, ce qui favorise une certaine arrogance que je trouve insupportable", poursuit l'évêque polonais à la retraite.

Leone Passerman, ex-président de la communauté juive de Rome qui figurait parmi ceux qui ont accueilli le pape Benoît XVI à la synagogue de Rome le 17 janvier, s'est dit "totalement scandalisé par ces commentaires, tout particulièrement s'ils émanent d'un membre de la hiérarchie ecclésiastique".

Piotr Kadlcik, président de la communauté juive de Pologne qui était la plus importante d'Europe avant la Seconde Guerre mondiale, a exprimé l'espoir que cette nouvelle controverse ne porte pas préjudice aux commémorations prochaines de la Shoah.

"Cela a provoqué des commentaires très durs des deux parties et cela montre à quel point le dialogue entre les deux religions est fragile, ce qui est vraiment préoccupant", a-t-il dit.

De son côté, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a dénoncé les "propos ignobles" de l'évêque polonais, tout en disant garder confiance quant à la poursuite du dialogue judéo-catholique. Aux Etats-Unis, le Rassemblement des survivants de l'Holocauste et de leurs descendants a jugé les propos de Pieronek "grotesques".

Aucun commentaire: