samedi 1 mai 2010

Journée nationale du souvenir : une mairie censure la lettre d'une ancienne déportée


LEMONDE.FR avec AFP | 28.04.10 | 12h13 • Mis à jour le 28.04.10 | 12h15

La mairie de Parthenay a censuré une lettre écrite par Ida Grinspan, ancienne déportée, qui devait être lue à des élèves le 29 avril dans le cadre de la journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation, selon le Courrier de l'Ouest de mercredi.

Nathalie Lanzi, professeure d'histoire-géographie au collège de la Couldre (Deux-Sèvres), qui accompagne depuis cinq ans ses élèves "volontaires et enthousiastes" aux cérémonies commémoratives et patriotiques, avait demandé à l'ancienne déportée d'Auschwitz de rédiger un texte que les élèves devaient lire dimanche, a-t-elle raconté au quotidien. Mais ce témoignage a heurté Michel Birault, ancien gendarme et adjoint chargé des affaires patriotiques. Ida Grinspan y évoque son arrestation par trois gendarmes alors qu'elle avait 14 ans. La professeure a accepté, à contrecœur, de remplacer le mot "gendarmes" par "hommes".

"UNE FORME DE CENSURE"

M. Birault a présenté ensuite le texte au maire, Xavier Argenton (Nouveau Centre) qui, lui, a refusé sa lecture. "Ne stigmatisons pas une catégorie professionnelle qui, dans ces temps troubles, avait obéi aux ordres de l'autorité légitime", a-t-il dit à son adjoint. Ce texte "n'est pas de nature à apaiser les ressentiments à une époque où le repentir est malheureusement mis en exergue", a-t-il ajouté.

"Mes élèves ne participeront plus au devoir de mémoire et aux cérémonies commémoratives. Je renonce à souscrire à ce que j'appelle une forme de censure, a indiqué au quotidien Mme Lanzi, également conseillère régionale socialiste. Mon objectif n'était pas de blesser, mais de dire l'histoire. Je suis attachée au devoir de mémoire et au souci de vérité", a-t-elle conclu Nathalie Lanzi.

Pour Ida Grinspan, "c'est terrible, cette mentalité-là". "Il faut savoir regarder la vérité en face. Ce que je dis dans ce texte, je le dis chaque fois que j'interviens dans une école. Je dis simplement ce qui a été", déclare-t-elle.

Agression antisémite présumée d'un homme juif à Strasbourg

Un homme de 43 ans porteur d'une kippa, de confession israélite, a été agressé à coups de couteau vendredi vers 12h30 dans le centre de Strasbourg (Haut-Rhin) par deux hommes qui ont été interpellés, a-t-on appris de source policière.

"Il s'agit clairement d'une agression à caractère antisémite", précisait-on de même source.

La victime a été prise à partie place de l'Homme de Fer, dans le centre-ville, par deux hommes qui lui ont donné plusieurs coups de couteau et l'ont roué de coups. Touchée au niveau de la tête, du dos et des épaules, la victime a été hospitalisée dans un état grave.

Alertés, des policiers en VTT ont rapidement interpellé un premier suspect tandis que le second l'était quelques minutes après par une brigade anticriminalité. Ils ont été placés en garde à vue. Ils sont âgés de 38 ans. L'un d'eux est d'origine maghrébine.

"Il y a une connotation psychiatrique à cette affaire, les deux hommes ayant affirmé s'être connus en milieu hospitalier", indiquait-on de même source. Le commissariat a été chargé de l'enquête.

Le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme a condamné "avec la plus grande vigueur" cette agression. "Les actes antisémites ne cessent pas malgré les mesures prises", déclare-t-il dans un communiqué. "Nous considérons qu'il est inadmissible que dans notre pays, un juif soit encore en danger, et ne puisse circuler librement".

L'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a dénoncé dans un communiqué un "acte extrêmement violent à caractère antisémite", s'inquiétant "du climat délétère de violences racistes et antisémites qui s'est installé cette semaine, cette agression faisant suite au mitraillage d'une mosquée à Istres, ainsi que d'une boucherie Halal à Marseille". AP

mercredi 31 mars 2010

Décès de Moshe GARBAZ, un des derniers survivants du Convoi 6

Nous avons la tristesse de vous annoncer le décès de Moshe GARBAZ, un des derniers survivants du Convoi 6 le Mercredi 31 Mars 2010 à l'age de 97 ans.




Moshè Garbarz était né en 1913 à Praga, un faubourg de Varsovie. Encore adolescent, il a émigré à Paris avec sa famille. Arrêté le 14 Mai 1941, il a été déporté par le Convoi 6 le 17 Juillet 1942, il a survécu plusieurs années dans des camps d'extermination. Après guerre, il est retourné en France, où il a gagné sa vie comme artisan maroquinier.

En 1983, il a publié avec son fils Elie, un livre de souvenir intitulé "Un survivant" aux Editions RAMSAY dans lequel Moshe Garbarz, un homme simple, un père, raconte à son fils, Elie, sa vie mouvementée : son enfance et sa jeunesse en Pologne, le racisme dont il a été victime quand il a dû émigrer en France, et puis sa déportation vers Auschwitz. Quand il arriva à Auschwitz, en 1942, Moshè Garbarz fut accueilli par les paroles sans espoir d'un autre déporté : " Ici, personne ne peut t'aider. Il n'y a pas d'organisation, tout le monde meurt, il te reste trois semaines à vivre. " Trois semaines qui ont duré trois ans. Moshè Garbarz retrace ces trois années, trois années placées sous les signes de l'horreur et de la barbarie. Au jour le jour, il nous raconte le travail forcé, la faim, les terribles bastonnades, son impuissance face à la mort de ses compagnons... Il eût été sacrilège, selon lui, de " faire de la littérature " sur Auschwitz. Aussi son récit est-il tout en transparence et en simplicité. Et c'est ce dépouillement même qui nous prend à la gorge. " Vais-je mourir demain ou tiendrai-je encore une semaine ? " telle était la question lancinante qui s'imposait à Moshe chaque matin. Aidé par une chance quasi miraculeuse, mais aussi par son héroïsme et sa lucidité, Moshe Garbarz sauvera sa vie cinq fois, dix fois, et finira par revenir chez lui. Le témoignage sobre et fort d'un survivant des camps. Un récit parfois insoutenable, dont naît pourtant l'espoir.
Les obsèques auront lieu le Mardi 6 Avril à 11h30 au Père Lachaise