samedi 11 avril 2009

Mémorial de Drancy. Des croix gammées ont été tracées



Le mémorial de la déportation, à Drancy. Photo : Archives, Daniel Fouray

Le ministère de l'Intérieur a indiqué que des croix gammées avaient été tracées à la peinture noire sur le wagon et la stèle du Mémorial de la déportation à Drancy (Seine-Saint-Denis). Elles ont été découvertes ce matin.

"Une croix gammée haute de 1,50m a été peinte sur le wagon, une autre de 1m de haut a été tracée sur la stèle, et une troisième a été tracée sur le mur d'un commerce à 500 m de là", a indiqué un porte-parole du ministère.


Alliot-Marie évoque des "actes inqualifiables"

Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur, a réagi à travers un communiqué. Elle "condamne avec la plus grande fermeté les inscriptions antisémites faites à Drancy sur le wagon et la stèle du Mémorial, lieux emblématiques de la mémoire de la déportation et de l'extermination des juifs de France, et assure que tous les moyens sont mis en oeuvre pour identifier les responsables de ces actes inqualifiables et les traduire en justice".

La mairie de Drancy a précisé que les inscriptions avaient été effacées.

«C’est la première fois, depuis l’inauguration du monument en 1976, que celui-ci est entaché de croix gammées», a déploré Raphaël Chemouni, responsable du conservatoire historique du camp de Drancy. «Il y avait eu jusqu’à présent toujours un très grand respect vis-à-vis de ce monument», a-t-il ajouté.

Deux inscriptions ont été retrouvées sur la stèle et une troisième, plus grande, sur la porte du wagon, ainsi que plusieurs autres sur des commerces situés à la limite des villes de Bobigny et Drancy, a-t-on appris de source policière.

Les croix gammées ont été effacées peu après les constatations policières, a indiqué la mairie de Drancy. «Il s’agit de montrer que la haine, le racisme et l’intolérance n’ont pas droit de cité à Drancy», a expliqué Jean-Christophe Lagarde (NC), député-maire de la ville.

Les inscriptions ont été réalisées entre 01H20 et 02H00 du matin par une personne d’une vingtaine d’années de type européen, selon les images enregistrées par les caméras de vidéosurveillance situées près du site, a indiqué M. Lagarde.

«Cela fait très mal car le lieu était jusqu’à présent totalement respecté», avoue Lucien Tisnader, représentant de l’Association Fonds Mémoire d’Auschwitz (Afma). «Ce monument est un peu le tombeau des 76.000 déportés de France et on l’a souillé», a-t-il ajouté.

«Cet acte est d’autant plus grave qu’il touche un des lieux les plus symboliques de la mémoire de la Shoah en France», a souligné l’Union des étudiants juifs de France (UEJF).

Pour le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), cet acte constitue une «insulte à la France toute entière». «Ses auteurs ont voulu cracher sur les juifs déportés de Drancy vers les camps de la mort (…) injurier les juifs, qui célèbrent les fêtes de Pessah, la Pâque juive» et «salir la ville même de Drancy, laboratoire de dialogue entre les composantes de la Nation», a ajouté le Crif.

Présent sur place, Hassan Chalghoumi, imam de Drancy, a voulu «montrer le soutien de la communauté musulmane envers la communauté juive et condamner la personne responsable, quels que soient son origine, ses croyances et ses idées politiques». «Nous entretenons d’excellentes relations entre communautés à Drancy et nous voulons montrer qu’une telle ville, symbole de malheur dans le passé, peut devenir un exemple de tolérance», a-t-il ajouté.


«Ces exactions inqualifiables doivent donner lieu dès que les auteurs auront été interpellés aux condamnations les plus sévères», a affirmé l’UMP.

«Devant tant de stupidité, nous voyons combien le devoir de mémoire est important et nous devons sans cesse réaffirmer notre détermination à lutter contre toutes manifestations de racisme et d’antisémitisme», a déclaré Claude Bartolone, président PS du conseil général de Seine-Saint-Denis.

Aucun commentaire: